Au chevet des "pépénadores" à Mexico
Combien
sont-ils ? Cent mille, deux cent mille ? Invisibles et pourtant
maillon-clé de l'économie du pays : les "pépénadores",
ces petites gens dont le labeur consiste à fouiller les ordures pour
en retirer les bouteilles de plastique ou de verre, morceaux
d'aluminium ou de carton qu'elles revendront contre quelques pesos à
des sociétés de recyclage.
"Ces populations vivaient dans
des conditions d'hygiène et de sécurité épouvantables" , se
souvient Jean-Yves Krummenacher, le Français engagé dans
l'aventure. "
Alors on leur a construit des plateformes adaptées et
protégées, abritées des intempéries, où viennent désormais
vider les camions en tas d'1m50 à 1m80, et où les "pépénadores"
( littéralement récupérateurs) peuvent trier sans
risquer de se faire faucher par la lame d'un bulldozer au milieu
d'une montagne d'ordures. "
Le fonds Danone a investi
plusieurs centaines de milliers d'euros dans le projet. Grâce à ces
équipements, le taux de tri manuel est déjà passé de 20% à 50%.
Mais le but est aussi social: "On garantit aux trieurs un prix
d'achat pour leur collecte. Une partie de l'argent est investi dans
des campagnes de vaccination et la construction d'écoles pour leurs
enfants ."
Sens
de l'accueil et "abrazo"
Sous
son autre casquette, directeur commercial pour les eaux minérales
Danone, Jean-Yves Krummenacher, 37 ans, dirige une équipe de 1.600
commerciaux. " Au Mexique, explique-t-il, il n'y a quasiment
pas de grandes surfaces. Les gens font leurs courses dans de toutes
petites épiceries qu'il faut approvisionner une à une dans un pays
qui fait 4.000 kilomètres du nord au sud ! "
Le Français vit
en famille depuis trois ans à Mexico. "Au travail, il y a un
sens de l'accueil qu'on ne retrouve qu'en Amérique latine. Pour se
saluer, le matin, on fait le fameux "abrazo", une
franche et chaleureuse accolade entre collègues. Il y a une
proximité plus forte qu'ailleurs. " Jean-Yves Krummenacher à
de quoi comparer.
En dix ans de vie professionnelle, il a vécu dans
quatre pays, pour le compte de Danone et Evian. De la Belgique aux
Pays-Bas en passant par la Suisse et l'Allemagne.
Né à Besançon,
grandi en Franche-Comté, le jeune homme a choisi Bordeaux Ecole de
Management, après sa classe préparatoire à Lyon, pour effectuer
ses trois années d'études de commerce. "Ils ont un très bon
réseau à l'international. Moi et la plupart de mes camarades, on a
réussi à se placer à l'étranger grâce à l'école. " Mais
son passage par BEM lui aura surtout donné la chance de rencontrer
son épouse, Céline. Le couple a trois enfants, aujourd'hui inscrits
dans une école mexicaine et parfaitement à l'aise dans la langue de
Cervantès !
Aller plus loin
Retrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama
Retrouvez ce portrait dans le magazine régional d'informations "Objectif Aquitaine"
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