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Elizabeth Royer-Grimblat a fait restituer une trentaine d'œuvres à des familles spoliées

Mercredi, le musée des beaux-arts de Berne, en Suisse, a annoncé avoir été choisi par un collectionneur allemand, Cornelius Gurlitt, comme héritier de toutes ses œuvres. Mais dans ces 1.400 œuvres, il y a des tableaux de maitres, volés par les nazis à des juifs, au cours de la seconde Guerre mondiale.
Article rédigé par Edwige Coupez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (©)

Elizabeth Royer-Grimblat,
galeriste et historienne de l'art
, a comme spécialité la traque des œuvres
spoliées
lors de la deuxième Guerre mondiale. Elle connaît donc bien cette
affaire Gurlitt : "le père de celui
qui vient de mourir était un recycleur de tableaux spoliés à partir des années
trente. Son fils a gardé la collection de tableaux achetés d'une façon normale
et d'autres de façon illicite. Cela a redéclenché en Amérique et en Europe le
sujet des spoliations qui avaient été oublié."

A l'occasion d'une enquête pour
fraude fiscale, en novembre 2013, les autorités allemandes (il vivait à Munich)
découvrent des toiles de Chagall, Matisse, Picasso ou Renoir
. Parmi ces œuvres,
il y a, par exemple, La Femme assise
d'Henri Matisse, volé en 1941 au grand collectionneur Paul Rosenberg (le
grand-père de la journaliste Anne Sinclair). Décédé cette semaine, Cornelius
Gurlitt avait conclu un accord pour restituer certaines de ces œuvres.

Pour les identifier, Elizabeth
Royer-Grimblat explique qu'il faut d'abord vérifier toutes les sources en
allant dans les musées pour vérifier ce qui a été écrit. Mais "on s'aperçoit qu'il y a beaucoup
d'erreurs ou d'oublis, parfois pour occulter une présence dérangeante
".
Reste à savoir si le tableau est faux ou s'il s'agit bien d'un original. "On ne voit pas tout de suite la
différence
", confirme la galeriste. "La première impression est souvent la bonne et ensuite, on fait des
recherches. Le plus important est d'étudier le tableau et de comprendre la
matière.
"

Diplômée d'histoire de l'art dans
les années 80, elle est vite partie à Londres pour pister des œuvres. "Je suis partie à Londres pour faire
des recherches. J'ai toujours aimé rechercher ce qu'il y avait derrière les
signatures qui n'étaient pas toujours les bonnes. Voir l'invisible !
"
A
la question de Jean-Pierre Elkabbach, elle répond qu'elle n'est pas juive "mais tous ces tableaux, en dehors de
la spoliation, sont des histoires de familles et ils révèlent toujours autre
chose
".

Sa première enquête date de 1996.
Elle la mène pour les ayants droits d'Alphonse Kann. Avec son petit-neveu,
Francis Warin, "nous avons cherché
des tableaux parce que les familles spoliées se sont aperçues que des documents
au ministère des Affaires étrangères pouvaient permettre d'identifier des
tableaux. Dans ces Musées Nationaux Récupération, on s'est aperçu qu'il y avait
des œuvres au passé assez flou.
" Elle travaille alors avec la ministre
Aurélie Filippetti qui a décidé de trouver les propriétaires de 2.000 œuvres.

Elle a ainsi pu restituer une
trentaine d'œuvres à des familles*.

  • "On est toujours fier parce que c'est un combat, "** ajoute-t-elle.

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