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Expliquez-nous... la dette d'Haïti

Après son déplacement historique à Cuba, François Hollande sera en Haïti ce soir. Le président Français doit soutenir la reconstruction du pays, toujours pas terminée cinq ans après le séisme qui a fait plus de 250 000 morts. Mais il va aussi annoncer qu'il va "s'acquitter" de la dette de la France envers Haïti.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 453665 min
  (Michel Joseph Martelly, président d'Haïti, lors d'un déplacement en France le 1er Novembre 2014 © Maxppp)

L'équivalent de 17 milliards d'euros. Voilà la somme qu'Haïti a du payer à la France au cours du XIXè siècle, à l'époque on parlait en francs-or. C'était le prix de son indépendance puisqu'il s'agissait en fait d'indemnités exigées par les anciens colons.

En perdant Haïti en 1804, la France perdait en effet l'une de ses colonies les plus prospères, les plus riches.

Quelques années plus tard, en 1825, Charles X a donc imposé ces compensations, qui représentaient alors un an de revenus produits par l'île, soit environ 15% du budget de la France. C’est le seul exemple de l’histoire où des vainqueurs (les esclaves) ont payé pour des vaincus (les colons) .

Ce fardeau financier, l'île l'a traîné pendant plus d'un siècle

Haïti, première terre de révolte contre l'esclavage, première république noire et libre du monde, Haïti a du emprunter pour payer sa dette. Auprès de la France bien sûr. Et si les indemnités ont été réglées en 1883 les emprunts et les intérêts contractés auprès des banques françaises, puis américaines n'ont été définitivement soldés qu’en 1952.

Certains historiens disent que le pays ne s'en est jamais relevé et que cette dette a fait d'Haïti la nation la plus sous-développée de toute la région. En tout cas pour les Haïtiens, il s'agit d'une injustice de l'histoire qui doit être réparée.

François Hollande a donc promis de revenir sur cette injustice ?

Dimanche, à Pointe-à-Pitre, en inaugurant un mémorial consacré à l'esclavage, le président Français a été clair : "Quand je viendrai en Haïti, a-t-il dit, j'acquitterai à mon tour la dette que nous avons".

Rappelons que Nicolas Sarkozy, lui avait refusé d'évoquer ces réparations lorsqu'il s'était rendu sur l'île en 2010 peu après le séisme. Il était alors le premier président français à venir en Haïti depuis 1804.

La prise de position de François Hollande a donc été saluée par de nombreux applaudissements dimanche, elle a suscité beaucoup d'espoirs dans le pays.

Des espoirs qui risquent malgré tout d'être déçus

Parce qu'on parle d'un remboursement moral, pas financier. En clair la France ne va pas verser demain 17 milliards d'euros aux autorités de Port-au-Prince , qui d’ailleurs ne le réclament pas. L'entourage de François Hollande a du rapidement apporter cette précision ce week-end.

C'est une reconnaissance morale. Difficile toutefois à accepter pour certains Haïtiens qui, plus que de la diplomatie, comptent sur une restitution financière, d'autant que le pays a toujours besoin d'argent pour achever sa reconstruction.

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