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Et maintenant. Est-ce qu’on continue de faire comme avant ?

"Et maintenant", un nouveau rendez-vous chaque samedi cet été sur franceinfo, un entretien avec Alexandre Kouchner, analyste politique, enseignant, conseiller en communication. Comment réinventer le présent après la crise sanitaire ? Aujourd’hui, il est question des habitudes.

Article rédigé par franceinfo, Bernard Thomasson - Alexandre Kouchner
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
 Un panneau rappelant les gestes barrière à l'entrée d'une école, le 6 mai 2020. (FRANCE BLEU BESANÇON / RADIO FRANCE)

Et maintenant, est-ce qu’on continue de faire comme avant ? Après la crise sanitaire liée au coronavirus, de nombreuses questions se posent sur l'avenir de notre monde. C’est vrai que durant le confinement, on a beaucoup parlé de ce monde d’après, et de nouveaux comportements à adopter.

franceinfo : À l’évidence, tout n’a pas changé, certaines habitudes ont la vie dure. Par exemple, la bise ?

Alexandre Kouchner : La bise a disparu quand le virus est venu. Ce qui était une preuve d’affection est devenu vecteur de contagion et l’objet des campagnes d’informations demandant d’arrêter les embrassades. On prédisait la mort de la bise. Comment revenir à cette habitude très française de laisser des gens au statut épidémiologique incertain venir déposer sur notre visage ces gouttelettes qui ont mis le monde à l’arrêt ?

Mais on n’a pas pu s’en empêcher. La bise est revenue. Entre amis, entre parents, entre amants, c’est mauvais signe. Elle est revenue mais elle a changé. Finie l’obligation sociale ou la bise aux collègues. Le contact reste à risque, la bise n’en a que plus de valeur.

franceinfo : Et pour celles et ceux qui ne se contentent pas d’une bise ?

Alexandre Kouchner : L’utilisation des applications de rencontre a explosé durant le confinement. Tinder a enregistré jusqu’à trois milliards de swipes en une journée. Les confiné.e.s célibataires craignaient de le rester : comment draguer à travers un masque ? Faut-il se faire tester ensemble avant de pouvoir s’embrasser? 

Puis est venu le temps de sortir librement. Les sourires sont revenus aux terrasses et les conversations virtuelles ont pu devenir réelles. Elles aussi ont plus de valeur. D’après Meetic, 63% de ses utilisateurs souhaitent désormais vivre une histoire sérieuse. D’après la spécialiste en sexualité Maïa Mazaurette, les ingrédients de l’été seront transparence, prudence et romance.

Voilà pour les comportements personnels dans les relations. Qu’en est-il des comportements collectifs ?

Le virus a permis d’inventer des nouvelles formes de contestation sociale. Dans l’espace virtuel d’abord, comme ces opposants hong kongais qui ont manifesté dans le jeu video animal crossing, ou ces Russes, qui ont investi Yandex, l’équivalent de Google maps, pour laisser des commentaires contre le gouvernement.

De nouveaux cortèges sont apparus, comme ces concerts de klaxons en bas du bureau du Premier ministre hongrois ou la première manifestation à distance sociale, quand plus de 2 000 Israéliens masqués ont occupé une place de Tel Aviv à 1 mètre de distance. Mais comme la justice sociale est aussi vitale que la protection sanitaire, les manifestations massives, mais masquées, sont vite revenues aux États-Unis, en Europe et en France dans le sillage de la mort de George Floyd.

Réjouissons nous qu’après deux mois d’enfermement, ressurgisse le besoin fondamental d’être ensemble. Et convivialité, sexualité, égalité, c’est un beau programme pour l’été.

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