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En route vers Paris 2024. La compétition s'invite à l'entraînement

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, est en pleine sélection pour les JO de Tokyo, des Jeux aujourd'hui reportés à 2021. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un athlète de haut niveau.

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'équipe de France de sabre en compétition sur ses terres d'entrainement à l'INSEP (CECILIA BERDER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"En piste le 1 contre 2, le 7 contre le 8 et le 4 contre le 5." Dans ce contexte de compétition, nous n'avons plus de prénom mais un numéro.

Sur une telle journée, tout va plus vite, tout va plus fort

Trois matchs se déroulent en simultané. Des horaires sont à respecter. Des arbitres aussi. Pour l'occasion, les entraîneurs ou les collègues garçons donnent les commandements. Si jamais une touche est litigieuse, on peut avoir recours à la vidéo, avec l'aide des téléphones.

Tout va plus vite, cela s'entend. Dès les premières touches, le bruit des claquements de lames et de coquilles résonne. D'une manière plus intime, l'intensité se voit sur notre corps. Les coups de sabre laissent des stigmates plus saignants.

Le jour de la compétition, les coups laissent des marques plus saignantes. (CECILIA BERDER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

C'est plus appuyé, car dans mon groupe personne n'aime perdre. C'est assez rare d'aimer la défaite, mais ici, c'est maladif. Qu'importe le jeu, le défi, j'ai à côté de moi des tueuses.

Pour l'instant, c'est la seule chose à se mettre sous la dent

La fédération internationale a programmé la prochaine échéance pour fin mars 2021, soit un peu plus d'un an sans compétition. On espère des rassemblements avec des nations voisines ou des stages. Mais pour l'instant, on ne maîtrise que le conditionnel.

Aujourd'hui, on se contente d'envoyer "du lourd" dans notre salle d'armes. Les cris en attestent. On peut entendre de la rage, de la frustration, de la détermination et du soulagement aussi.

Pourtant, il n'y a rien à gagner de particulier sur ce genre d'évènement. Pas de sélection en jeu. Même si cela existe. À la gymnastique, par exemple, il y a parfois des journées tests qui définissent de futures sélections.

Nous, ici, on cherche juste à déterminer le champion de l'entraînement

Cette quête apporte déjà sa dose de transe. Le manque de compétition se fait durement sentir chez tous. Ces challenges ont le mérite de remonter le moral ou en tout cas de sortir de la routine.

Un autre enseignement pourrait aussi être précieux pour le futur. Quand on va arbitrer l'équipe masculine avec la pression que cela engendre, on comprend mieux toute la difficulté d'arbitrer. Cela nous permettra, je l'espère, d'être plus clément à l'avenir avec les décisions ou indécisions de nos juges.

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