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Regain de tensions sur la péninsule coréenne

L’armée du Nord a tiré deux obus sur d’immenses haut-parleurs situés du côté Sud de la frontière terrestre sans faire de victimes. La Corée du Sud a répliqué par plusieurs salves d’artillerie. Le Nord a ensuite posé un ultimatum au Sud pour que celui cesse sa "guerre psychologique".
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (L'armée sud-coréenne est sur le qui-vive à la frontière avec la Corée du Nord © Sipa Press)

L’armée nord-coréenne a lancé deux obus qui visaient d’immenses haut-parleurs installés du côté sud de la frontière et elle a promis de nouvelles frappes si Séoul ne débranchait pas d’ici 48 heures ces fameux haut-parleurs, qui diffusent de la propagande anti-Pyongyang.

L’armée sud-coréenne a répliqué à ces deux tirs par plusieurs salves d’obus en direction du canon à l’origine de l’attaque et a annoncé qu'il était hors de question de céder à cet ultimatum? Séoul a même promis de fortes représailles en cas de nouvelles frappes. L'armée sud coréenne a relevé son niveau de surveillance d'un cran.

Que sont ces haut-parleurs de la discorde, qui provoquent un tel affrontement ?

Tout a commencé début août, quand deux soldats sud-coréens ont sauté sur des mines installées du côté sud de la frontière, lors d’une patrouille de routine. Ils ont perdu leurs jambes. Séoul accuse Pyongyang d’avoir enterré de nouvelles mines et en représailles, l’armée sud-coréenne a repris, pour la première fois depuis 11 ans, la diffusion de propagande anti-communiste par haut-parleurs géants.

Ces émissions contiennent des bulletins d'informations internationales ainsi que des descriptions de l'opulence de la Corée du Sud et des crimes du régime de Kim Jong-un. Elles avaient été interrompues en 2004, alors que les deux Corées normalisaient leurs relations.

La situation est donc tendue mais il y a peu de risques d’escalade : ce n’est pas la première fois que la Corée du Nord provoque de tels accrochages. En octobre dernier par exemple, son armée avait tiré à l’arme automatique par-dessus la frontière. Le régime sait doser ses provocations pour éviter des représailles trop fortes.

Pourquoi le régime de Kim Jong-un a-t-il posé ces mines, provoquant ainsi ce regain de tensions ?

La Corée du Nord est furieuse contre la tenue, en ce moment-même, d’exercices militaires conjoints massifs organisés par la Corée du Sud et les Etats-Unis. Aggraver les tensions, c’est un moyen de répliquer et de nuire à son ennemi sud-coréen, puisque cela donne une image d’instabilit et donc peut faire fuir les investisseurs étrangers au Sud.

Mais la principale raison est sans doute interne : le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un semble avoir des difficultés à cimenter son emprise sur le pouvoir depuis la mort de son père, notamment au sein de son puissant appareil militaire. Kim a ordonné une vague de purges sans précédent, environ 70 membres des cercles dirigeants auraient été exécutés.

Accroître les tensions avec l’extérieur, c’est donc pour le maître de Pyongyang un moyen de resserrer les rangs autour de lui, de créer une atmosphère martiale destinée à renforcer la loyauté de son entourage.

Frédéric Ojardias est le correspondant à Séoul d'RFI et de France Info

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