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Participation de Justin Trudeau à une émission, défilé du Père Noël… : au Québec, les drag-queens ont le vent en poupe

Déjà précurseur lorsqu’il a adopté l’une des premières législations au monde à permettre l’union entre conjoints du même sexe, le Québec voit le phénomène drag conquérir une vraie visibilité dans l’espace public et médiatique.

Article rédigé par franceinfo, Pascale Guéricolas
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un show de drag queen à Las Palmas, le 18 mars 2022. (Illustration) (ANGEL MEDINA G. / EFE)

Autrefois confidentielles, les drag-queens conquièrent une visibilité formidable au Québec : l’une d’elles, Barbada, vient d’incarner la Fée des étoiles au traditionnel défilé du Père Noël qui a eu lieu samedi dans les rues de Montréal.

C’est la première fois qu’une drag assumait ce genre de rôle dans cet événement public destiné aux enfants. Et dans quelques jours, le Premier ministre, Justin Trudeau, va participer à une émission de drag-queens à la télévision canadienne.

Un moyen pour les institutions d’afficher leur ouverture

L’implication des drag-queens dans l’espace public, avec leurs costumes flamboyants, leurs grandes perruques, leurs paillettes, s’inscrit en partie dans une volonté de la société de mieux refléter sa diversité. De montrer avec éclat que les frontières de genre entre hommes et femmes ne sont pas figées, hermétiques. Ce discours d’inclusion se retrouve dans beaucoup d’institutions, d’organismes qui cherchent d’ailleurs des moyens d’afficher leur ouverture. De la même façon qu’en 2002 le Québec a adopté l’une des premières législations au monde à permettre l’union entre conjoints du même sexe.

Aujourd’hui, l’association commerciale qui organise le défilé du Père Noël à Montréal veut montrer qu’elle saisit bien l’air du temps. Voilà pourquoi Barbada se retrouve sur un char allégorique avec son diadème chargé d’étoiles. Cet enseignant de musique au primaire dans le civil milite beaucoup pour l’acceptation de la différence. Homme gay noir, il raconte souvent le difficile combat qu’il a dû mener pour faire accepter son homosexualité et sa couleur de peau.

Pour certains Québecois, voir ce genre de personnage longtemps figure de proue du mouvement gay ou trans faire désormais partie d’événements plus grand public, ne passe pas, voire pas du tout. Des animateurs de radio font des gorges chaudes de la présence de Barbada au Défilé du Père Noël. Beaucoup critiquent aussi le passage annoncé du premier ministre Justin Trudeau à une émission de télé-réalité dans quelques jours.

Le débat ne trouble pas les enfants

Des chroniqueurs considèrent comme de l’opportunisme politique son implication aux côtés de drag-queens canadiennes et anglo-saxonnes qui s’affrontent à coup de lipsing et de chorégraphies endiablées. Ils y voient un signe de la volonté constante de Trudeau d’afficher sa rectitude politique à coup d’images. Sur les réseaux sociaux, les opinions s’affrontent aussi. Les drags reçoivent un bon nombre de messages haineux : on les accuse de pervertir les enfants, de brouiller leurs perceptions sur ce qu’est un homme, sur ce qu’est une femme.

Hors ce débat n’a pas l’air de troubler les enfants outre-mesure. Barbada, la drag-queen Fée des Étoiles lit régulièrement des contes aux 3 à 6 ans dans des bibliothèques publiques de Montréal. Et souvent des garçons qui portent du rose et des cheveux longs, en profitent pour se confier, pour dire qu’ils se sentent jugés seulement parce qu’ils dérogent aux conventions. Rencontrer un personnage hors-normes semble les aider à prendre conscience que la différence a aussi sa place. Un soutien que bon nombre de parents apprécient aussi.

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