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"Maintenant, c'est notre royaume" : en Inde, les populations tribales reprennent le contrôle d'une partie des forêts du pays

Depuis 2006, une loi leur donne la possibilité de devenir les co-gestionnaires de ces espaces naturels. Cela a offert de nouveaux revenus et emplois à ces villages, et surtout permis souvent de mieux protéger cet environnement. Reportage dans l’Etat du Maharashtra, au centre du pays.
Article rédigé par Sébastien Farcis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les habitants d'un village tribal font la cueillette des herbes dans le nord-est de l'Etat du Meghalaya (Inde), en novembre 2015. (BIJU BORO / AFP)

Nous sommes dans la forêt qui borde le petit village de Nayakheda, dans l’état du Maharashtra, dans le centre de l'Inde. Un des villageois qui nous accompagne, Ganshyam Nagle, s’écarte du chemin pour nous montrer une plante qui permet de soigner des blessures. Il faut la bouillir et la placer sur la plaie pour la cicatriser. "Avant, les gardes forestiers nous empêchaient d’entrer ici et de récupérer ces plantes, raconte Ganshyam Nagle. Maintenant, c’est notre forêt, notre royaume !"

Tout a changé il y a huit ans pour ces villageois. Comme plus de 100 000 villages en Inde, cette localité a alors utilisé une loi de 2006, appelée "Forest Rights Act" ou loi sur les droits de la forêt, qui permet aux communautés forestières de gérer leurs forêts, ce qui leur était interdit jusqu'ici. Cette responsabilité les incite à entretenir cet environnement. Dans ce village, ils ont ainsi interdit le pâturage sauvage, qui était dévastateur, rénové le barrage du lac de retenue et creusé des fosses dans la forêt, pour régénérer la nappe phréatique. Les sols ont plus d’eau et les agriculteurs des alentours peuvent maintenant avoir deux récoltes par an, au lieu d’une.

Certaines forêts ont été surexploitées

Dans un village voisin, qui a mis en place des mesures similaires, une étude du centre de recherches Ashoka Trust for Research in Ecology and the Environment (ATREE) a prouvé qu'en quatre ans, le nombre d’espèces d’arbres avait augmenté. Les populations tribales peuvent aussi récolter des feuilles et fruits des forêts, et les vendre, ce qui engendre des revenus, créé des emplois de garde ou de cueilleurs, et a donc fait cesser l’exode rural.

En inde, 6% de la superficie forestière est ainsi contrôlée par les populations tribales. Toutefois, la formule n’est pas magique non plus : cela a fonctionné dans cette région, car les dirigeants des villages ont une vision à long terme, et réussi à imposer ces règles de préservation de l’environnement. Ailleurs, les villageois ont surexploité cette forêt, qui s’est finalement dégradée. La gouvernance tribale est donc une bonne solution pour la forêt, à condition qu’elle soit vertueuse.  

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