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L’Irlande de Nord célèbre ses 100 ans, sans grandes festivités

L’Irlande du Nord est née il y a 100 ans, le 3 mai 1921. Un centenaire alors que des heurts ont éclaté le mois dernier, entre unionistes et républicains.

Article rédigé par franceinfo - Emeline Vin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les républicains se réunissent pour une cérémonie de dépôt de gerbes au cimetière de la ville de Derry en Irlande du Nord le 5 avril 2021, pour commémorer le soulèvement de Pâques de 1916. (Paul Faith / AFP)

Malgré quelques conférences en ligne, le Covid a eu raison des cérémonies pour célèbrer les 100 ans de l’Irlande du Nord. Le pays vient seulement d’être en partie déconfiné et les autorités n’ont rien organisé en physique. Mais dans les quartiers unionistes, ces endroits de Belfast où la majorité de la population tient à l’appartenance britannique, le drapeau de la Couronne est partout, les habitants ont accroché des fanions entre les maisons. Jack tient une quincaillerie dans l’un de ces quartiers, il a un rayon complet dédié au Centenaire : "Des mugs, des pins, des drapeaux. Pour fêter les 100 ans de notre pays, on a prévu des petites fêtes de quartier, des jeux pour les enfants, des trucs à manger nos fanfares vont jouer."

Cette excitation est palpable seulement dans les zones unionistes. Pour l’autre grosse communauté nord-irlandaise, les nationalistes pour qui l’Irlande doit être réunifiée, le centenaire ne se célèbre pas, il se commémore. "C’est terrible pour nous, confie Muiread, une retraitée nationaliste, l’Irlande aurait dû rester unie. Les Anglais ont profité de la famine pour envoyer des colons, prendre nos maisons et gagner la majorité. Mais nous, nous n’avons jamais voulu être Anglais."

"On est d’accord pour ne pas être d’accord"

Les deux communautés se sont fait la guerre pendant trente ans, de la fin des années 60 jusqu’en 1998. Mais aucune tension n'entoure le centenaire. Bien que des émeutes aient éclaté le mois dernier, l’un des organisateurs de "Northern Ireland 100", Stephen Gough, estime que la société a trouvé un équilibre : "En Irlande du Nord, on a un principe, on est d’accord pour ne pas être d’accord. Nous, on fait nos fêtes, mais on attend des nationalistes républicains qu’ils nous ignorent et qu’ils vivent leur vie. On fait pareil pour leurs fêtes. Et d’ailleurs, tous les unionistes ne participeront pas aux fêtes de quartier, les plus modérés vont surtout profiter de ce lundi, férié ici pour la fête du Travail."

La perspective d’un référendum n’a jamais été aussi proche. De plus en plus d’habitants de l’île d’Irlande pensent qu’un tel vote se tiendra de leur vivant et pas dans quarante ou cinquante ans. Cependant, la réunification en elle-même, "c’est un processus plutôt complexe" rappelle Katy Hayward. Pour cette sociologue, spécialiste de la frontière irlandaise à la Queens University de Belfast, "la création de la frontière, ça a pris du temps, ça n’est pas arrivé d’un coup. Avec la réunification, il faudra trouver le moyen de respecter à la fois les identités unioniste et nationaliste."

Un sondage publié ce week-end montre que 44% des Nord-Irlandais seraient contre la réunification. Une majorité, en prenant en compte les indécis.

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