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Les "zoos humains", vecteurs du racisme, au cœur d’une exposition en Belgique

Visible au musée de l’Afrique, en Belgique, à Tervuren, jusqu’à début mars, l'exposition raconte comment ces spectacles ont façonné un racisme encore bien présent dans les sociétés d’aujourd’hui.

Article rédigé par franceinfo - Angélique Bouin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Musée de l’Afrique, à Tervuren, près de Bruxelles. (FRANCOIS WALSCHAERTS / AFP)

Nous sommes à Tervuren, près de Bruxelles, en Belgique, dans l’ancien Palais des Colonies qui s’appela aussi musée du Congo, alors que le pays était la propriété personnelle du roi Léopold II. C’est un magnifique bâtiment entouré d’un vaste parc où furent exhibés dans le cadre de l’Exposition universelle de 1897, plus de 260 hommes et femmes arrachés à leur terre. Dans les salles du musée étaient montrés des animaux naturalisés, des objets ou des statues collectionnés par le Roi, tandis que dehors, dans le parc, se trouvait l’équivalent d’un zoo humain.

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Il s’agissait de villages reconstitués, où ces Congolais, parfois à peine vêtus, devaient jouer leur propre rôle devant des cases, et danser par exemple devant les visiteurs venus en masse. Au tournant du XXème siècle, comme le raconte cette exposition : "Zoo humain : au temps des exhibitions coloniales", ces spectacles furent un phénomène mondial. A une époque où l’homme blanc se considérait comme supérieur, c’était d’abord, explique l’un des guides du musée Philippe Dewaegenaere : un divertissement.

A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les gens voyaient dans une vie autant d’images que nous sur une journée : il n’y avait ni internet, ni télévision, ni cinéma, donc si les gens voulaient voir de quoi ressemblait un Congolais, ils venaient au zoo humain.

Philippe Dewaegenaere

à franceinfo

Un spectacle donc, spécifiquement pensé comme outil de propagande pour justifier la colonisation. "Il fallait montrer que notre présence au Congo était nécessaire, poursuit le guide. Car c’était des sauvages que l’on devait donc éduquer et les former. Ensuite, il faut savoir que les personnes qui venaient en Europe pour être exhibées étaient également examinées par les anthropologues, pour prouver que l’on était supérieurs à eux et qu’il fallait les civiliser. Cela servait à cette pseudo science !"

Photos, affiches publicitaires de l’époque, objets divers comme le craniomètre, utilisés par les pseudo-scientifiques pour appuyer la thèse qu’avec des crânes plus étroits, ces races étaient inférieures : quelque 500 objets retracent l’histoire de ces zoos humains qui ont drainé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale un milliard et demi de visiteurs dans des centaines de ville. Une exposition qui nous raconte aussi comment ces spectacles ont façonné un racisme encore bien présent dans les sociétés d’aujourd’hui. C’est à voir au musée de l’Afrique en Belgique à Tervuren jusqu’à début mars.

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