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Le Brésil en cure d’austérité

La récession pousse le Brésil à prendre des mesures d'austérité : hausses d'impôts et baisse des dépenses publiques, avec comme objectif 15 milliards d’euros d’économies.
Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Brésil - Cordovado - Photo prétexte © Maxppp)

Le gouvernement brésilien comme les gauches latino-américaines ont toujours été très critiques des politiques d’austérité mises en place en Europe. Et c’est pourtant ce que fait le gouvernement : des baisses conséquentes dans les dépenses publiques et des hausses d’impôts, pour tenter de regagner la confiance des marchés et d’équilibrer ses comptes.  Pour le Parti des Travailleurs, au pouvoir depuis 2003, le symbole est fort. Le seul programme social épargné par ces économies est le programme « bolsa familia » créé par l’ancien président Lula pour les familles les plus pauvres. Le ministre de l’économie Joaquim Levy souhaitait mettre en place cette politique d’austérité depuis près d’un an, et les menaces de plus en plus sérieuses des agences de notation l’ont finalement aidé à convaincre la présidente.

Le gouvernement table sur 15 milliards d’euros d’économie pour sortir du rouge. Les Brésiliens ont de suite ironisé sur ce chiffre : c’est deux milliards de plus que le budget dépensé lors de la coupe du monde l’année dernière ou encore celui qui est actuellement consacré aux Jeux Olympiques. Mais sorti de l’arène sportive, ce chiffre implique des hausses d’impôts, la suppression de dix ministères, le gel des salaires de la fonction publique et de sérieuses coupes dans les budgets emblématiques de la gauche, ceux du logement et de la santé.

Cela passe mal auprès de la gauche. Les syndicats et mouvements sociaux avaient fait plusieurs propositions, non retenues par la présidente : ils voulaient la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, ils proposaient également de taxer les institutions religieuses et les grandes fortunes. Aucune de ces propositions n’a été retenue par le gouvernement ce qui a provoqué la colère de l’aile la plus gauche du Parti des Travailleurs. En revanche, le patronat a félicité la présidente même si on lui reproche de ne pas en faire assez. Depuis le début de la crise économique, le patronat soutient la politique de la présidente et en particulier son ministre de l’économie, qui est un ancien banquier. Et le patronat ne suit pas non plus l’opposition dans ces tentatives de destituer la présidente. Pour le monde économique, toute crise politique implique une instabilité que les marchés font toujours payer. Et les entreprises sont ainsi devenues les plus fidèles alliés de Dilma Rousseff.

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