L'Afrique du Sud va livrer 12 guépards à l'Inde, leur terre natale, pour soulager ses parcs animaliers surpeuplés
L’Inde, qui souhaite depuis des décennies réintroduire les guépards disparus de son territoire, peut désormais se rapprocher de ce rêve, grâce à l’aide de l’Afrique du Sud. À la suite d’un accord signé la semaine dernière, 12 félins sud-africains doivent être très bientôt transportés à plus de 8 000 kilomètres de leur terre natale, pour repeupler le parc de Kuno, au sud de New Delhi. Il s’agit d’une opération sans précédent entre deux partenaires économiques.
"Un surplus d'environ 30 guépards"
La sous-espèce asiatique des guépards a officiellement disparu en Inde depuis 1952, à cause de la chasse et de la destruction de son habitat naturel. Le projet a été été lancé en septembre dernier, lorsque huit autres félins originaires de Namibie sont arrivés en fanfare à l’occasion de l’anniversaire du Premier ministre indien Narendra Modi. Selon l’accord signé par l’Afrique du Sud, le pays devrait de son côté en transférer douze par an, sur les huit à dix prochaines années, soit en tout une centaine.
Les guépards sont pourtant considérés comme une espèce vulnérable. À peine 7 000 individus survivent à l’état sauvage dans le monde. Mais en Afrique du Sud, ils se portent plutôt bien, et deviennent parfois trop nombreux pour les parcs du pays, comme l’explique Adrian Tordiffe, vétérinaire de l’Université de Pretoria et spécialiste de ces félins : "L’Afrique du Sud est le seul pays dans le monde qui observe une croissance stable de sa population de guépards. Ce taux de croissance est actuellement de 8,8% par an, ce qui veut dire que l’on a un surplus d’environ 30 guépards."
"On ne peut pas les laisser dans ces réserves, car ils tueraient trop de proies et bouleverseraient le système écologique autour d’eux. Il faut leur trouver un endroit où aller, car sinon nous serons obligés de les mettre sous contraceptif."
Adrian Tordiffe, vétérinaire de l'université de Pretoriaà franceinfo
Mais des experts des deux pays critiquent le coût de l’opération, soit près de 10 millions d’euros pour les cinq premières années, ainsi que sa mise en œuvre. Ils estiment que les guépards auront peu de chance de survivre une fois relâchés dans la nature sur leur nouveau sol d’accueil. Mais pour Adrian Tordiffe, le bénéfice potentiel justifie de tenter l'expérience : "Je reconnais complètement qu’il y a une partie expérimentale dans ce projet. On ne sait pas quel sera le résultat. Mais on doit agir, pour pouvoir collecter des données, et seulement ensuite on pourra critiquer, en se disant qu’on aurait dû faire comme ci ou comme ça." Le décollage des 12 félins est prévu d’ici la fin du mois de février.
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