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En Turquie, un clip de rap engagé fait fureur

Réalisé par plusieurs rappeurs, il dénonce plusieurs maux de la société turque.

Article rédigé par franceinfo - Anne Andlauer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Image du clip de "Susamam", réalisé par 18 rappeurs.  (CAPTURE D'ÉCRAN / YOUTUBE)

En Turquie, le refrain d’un morceau de rap est devenu un cri de ralliement pour les opposants au chef de l’État, Recep Tayyip Erdogan. Le clip de Susamam ("Je ne peux pas me taire"), a été publié le 5 septembre sur YouTube et cumule déjà plus de 30 millions de vues.

Les 18 rappeurs qui ont participé au projet appuient précisément là où la société turque va mal. Corruption, répression des voix dissidentes, injustice, pollution, violences contre les animaux… Chaque rappeur entonne un couplet consacré à un thème, appelant les Turcs à ne plus se taire. Les mots sont percutants, en prise avec l’actualité. Au milieu du clip survient l’extrait le plus partagé sur les réseaux sociaux, le seul interprété par une rappeuse. Il est consacré aux violences contre les femmes. On y entend les derniers cris d’Emine Bulut, poignardée en août par son ex-mari sous les yeux de sa fille de 10 ans.

Plaidoirie pour la liberté d'expression

Le clip dénonce aussi les atteintes à la liberté d’expression, sans surprise dans un pays où un simple message sur Twitter peut vous envoyer en prison. C’est Şanışer, le rappeur à l’origine du projet, qui s’attaque au sujet, déclamant notamment : "Tu n’as pas parlé, donc tu es coupable/S’ils viennent te chercher une nuit, tu ne trouveras même pas de journaliste pour en parler, ils sont tous en prison." Ou encore : "J’ai trop peur d’envoyer un tweet, j’en suis à avoir peur de la police de mon propre pays".

Couplet prémonitoire puisque quelques heures après la sortie du clip, une cheffe de l’opposition à Istanbul était condamnée à près de dix ans de prison, notamment pour des tweets jugés insultants envers le président Erdogan. Sans surprise, une plainte a été déposée contre les artistes du clip. Une enquête est en cours.

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