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En Suisse, des sans-abri hébergés et accompagnés dans des hôtels désertés

En Suisse, la crise du Covid-19 a poussé de nombreuses personnes à la précarité. Dans le même temps, les hôtels se sont vidés de leurs clients. Des associations ont décidé de mettre en relation ces deux mondes.

Article rédigé par franceinfo - Jérémy Lanche, édité par Cyrille Ardaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme sans-abri, hébergée dans un hôtel à Genève pendant la crise du Covid-19. Photo d'illustration. (FABRICE COFFRINI / AFP)

"On a une armoire ici pour mettre nos vêtements. Il y a  aussi le frigo. Tout ça, c'est fourni par l'hôtel. C'est un peu serré mais il y a quand même de la place pour jouer !" Marie-Antoinette et son petit garçon sont fiers de faire visiter leur chambre, en plein coeur de Genève.

Depuis le début de la crise du Covid-19, les hôtels suisses ont du mal à faire le plein. Et la crise sanitaire a engendré une précarité de plus en plus importante. Il n'en fallait pas plus pour que des associations décident d'agir. Désormais à Genève, environ 150 personnes sans-abri sont logées dans des établissements désertés par les touristes et la clientèle d'affaire.

L'État de Genève finance en partie le dispositif avec une fondation privée. En tout, ce sont 2,4 millions de francs (2 millions d'euros) qui ont été mis sur la table. Marie-Antoinette est informaticienne. Elle avait décroché trois entretiens d'embauche l'an passé, mais tous ont été annulés en raison de la crise. Sans emploi, elle a perdu son logement. Et contrairement à d'autres hébergements d'urgence, ici, elle sait qu'elle peut rester la journée dans sa chambre.

"Ils viennent le soir pour me demander si on va bien"

Pourtant l'idée ne semble pas nouvelle. Mettre des personnes à l'abri dans des hôtels, ça se fait déjà en France, par exemple. Mais ce dispositif va bien au-delà de l'hébergement d'urgence puisque les sans-abri sont aidés par des travailleurs sociaux présents presque en permanence dans l'établissement. De quoi rassurer Marie-Antoinette : "Ils vont m'aider à trouver un appartement. Ils viennent le soir pour me demander si on va bien, si on a besoin de quelque chose ou s'il y a un problème. Pour moi, c'est bien. Je me sens soulagée de ne pas être toute seule."

Pour les résidents, le dispositif permet également de se projeter un peu. Les chambres sont réservées pour un mois, mais le séjour peut être prolongé jusqu'à trois mois. 

Des hôteliers prêts à prolonger le dispositif jusqu'à l'été

Les hôteliers y ont aussi trouvé leur l'intérêt. Frédéric Le Berre est le directeur de  l'Hôtel Résidence Cité-Verdaine. Au départ, il n'était pas forcément convaincu : "Ma première réaction a été un peu en demi-teinte. Nous on travaille habituellement avec des banques, des organisations internationales. Au début j'étais un peu réticent. Et puis l'association m'a dit qu'il y aurait en permanence des travailleurs sociaux. Je dois dire que ça se passe relativement bien, je suis tombé sur des gens charmants, très respectueux."

Aujourd'hui, son hôtel est plein. La moitié des chambres sont occupées par des sans-abri. L'autre moitié par des clients traditionnels. Se pose désormais la question de la sortie de ces personnes en situation de précarité. Toutes n'auront pas trouvé une solution de relogement quand le dispositif prendra fin normalement en avril. Mais des hôteliers ont déjà dit qu'ils étaient prêts à le prolonger au moins jusqu'à l'été. 

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