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En Russie, les vieux cinémas soviétiques menacés de disparition

Les cinémas de l'ère soviétique, la plupart datant des années 60, devraient disparaître au profit de grands centres commerciaux. 

Article rédigé par franceinfo - Claude Bruillot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Rodina, construit en 1938, est l'un des plus anciens cinémas de l'époque soviétique. (YURI KADOBNOV / AFP)

En Russie, après les démolitions récentes et à grande échelle de dizaines d’immeubles datant des années 50, Moscou et sa périphérie continuent, à grands coups de pelleteuses, d'effacer les traces de leur passé soviétique. Dans la ligne de mire des élus de la capitale russe, une quarantaine de cinémas de quartiers sont appelés à disparaître ou, au mieux, à être absorbés à l’intérieur de nouveaux centres commerciaux. 

Cette fois, il n’y a plus le prétexte de la Coupe du Monde de football pour actionner les pelleteuses. Les élus moscovites se sont convertis aux multiplex intégrés, dans lesquels les salles de cinéma ne sont que l’un des lieux de consommation. Les vieux cinémas, jugés non-fonctionnels ou trop dégradés, seront démolis ou transformés. La recherche du confort des consommateurs est la priorité des décideurs, qui notent au passage que la moitié des cinémas de l’époque soviétique des années 60 sont fermés depuis déjà une vingtaine d’années, faute d’avoir su se renouveler. À la différence, par exemple, des grandes tours staliniennes de Moscou, qui une fois rénovées et baignées de lumières, mettent en valeur leur architecture, les vieux cinémas sont souvent d’apparence assez massive.

Un collectif se mobilise contre la destruction

Mais en dépit de tous leurs handicaps, ces cinémas de l’époque soviétique trouvent aussi leurs défenseurs à Moscou. Ils représentent encore, pour certains habitants, des lieux avec une âme, qui ont constitué le cœur battant de la vie culturelle de quartiers entiers à l’époque soviétique post-stalienne. Un collectif de défense s’est même constitué pour tenter d’en sauver certains de la destruction, comme celui du quartier Akademiski, au sud de Moscou.

L’une de ses responsables, Vera Ognitova, ne veut pas que son cinéma soit englouti dans une galerie marchande impersonnelle. "D'après le projet, le cinéma sera détruit, on va construire, à la place, un centre commercial deux fois plus haut et deux fois plus large, regrette-t-elle. À l'intérieur, il y aura des commerces et des fast-food, c'est très triste. Il y aura bien un cinéma, mais en matière d'offre culturelle, on a besoin de davantage."

Son collectif défend l’idée du maintien du cinéma en s’appuyant sur son existence pour développer d’autres activités culturelles, comme le théâtre et la danse par exemple, sûrement moins rentables qu’un grand centre commercial, mais tellement plus fidèles à leur idée de la culture pour tous. Ils renoncent d’autant moins à ce combat, que l’an dernier, les habitants du quartier, déjà mobilisés, ont évité la démolition de leurs immeubles, les plus anciens de l’époque Khrouchtchev.

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