Cet article date de plus de trois ans.

En Libye, la guerre des habitants contre les milices armées

Depuis la chute du colonel Kadhafi, les milices règnent et se disputent le territoire.
Le pays ne compte ni armée, ni véritable police. Ces groupes armés se nourrissent des trafics d’armes et de migrants. Premières victimes : les civils.

Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Cérémonie de prière pour les funérailles de victimes des groupes armés, le 22 janvier 2021. Les corps ont été retrouvés dans une fosse commune de Tarhuna (Libye). (STR / EPA)

En Libye, presque dix ans après la fin de l'ère Kadhafi, les quelques avancées politiques et diplomatiques de ces dernières semaines pour mettre fin à la guerre civile ne changent en rien la réalité du terrain

Tarhuna, une petite ville agricole à 80 kilomètres de Tripoli, en est un bon exemple. Une fratrie est devenue en quelques années la milice la plus sanguinaire du pays : les six frères Kani, des petits voyous, voleurs de voitures, ont profité du chaos qui a suivi la chute de Khadafi et de l’afflux d’armes qui a suivi la révolution de 2011 pour s’équiper et faire la loi à Tarhuna. Leur milice a compté jusqu’à environ 5 000 hommes.

Des fosses communes découvertes

Durant six ans, les frères Kani ont pillé, massacré tous ceux qui refusaient de se soumettre. Issa, la quarantaine, a pris les armes pour chasser cette milice de sa ville. C’est avec lui que nous découvrons les violences inouïes exercées à Tarhuna comme dans cet ancien hangar agricole, transformé par les frères Kani en centre de torture : "Ils enfermaient ici tous ceux qui s’opposaient à eux, par groupes de quatre ou cinq. Ils les tuaient puis en ramenaient d’autres. Ils ont tué huit membres de ma famille, dont des femmes et des enfants."

Des fosses communes sont découvertes, peu à peu. Près de 170 corps, dont des femmes et des enfants, ont été retrouvés notamment dans les champs d’Issa. Les frères Kani s’étaient emparés de ses terres pour y enterrer leurs victimes. 

"Il n'y a pas de justice, je les tuerai"

Aujourd’hui, des hommes s’activent pour retrouver les corps des disparus.
Comme tant d'autres, ce père de famille cherche toujours son fils. Il avait 18 ans lorsqu’il a été kidnappé par la milice. "Je n’arrive plus à dormir plus de 2 ou 3 heures par nuit, explique-t-il. On n’a pas retrouvé son corps dans les fosses communes. Je retrouverai ces gens et je les tuerai, parce qu’il n’y a pas de justice !"

Les habitants implorent – sans y croire – la justice internationale d’enquêter à Tarhuna. Pour briser ce cercle de violence qui depuis dix ans s’est emparé de leur ville, mais aussi de tout le pays.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.