En Islande, la compositrice de la musique du film "Joker" et de la série "Chernobyl" multiplie les récompenses
Hildur Guðnadóttir pourrait devenir dimanche 9 février la première Islandaise à recevoir un Oscar.
Hildur Guðnadóttir n’en finit pas d’être primée pour la musique qu’elle compose. Son nom ne vous dit probablement rien et pourtant, elle signe la musique de la série à succès Chernobyl, deuxième plus grosse performance d’audience en France d’une série HBO diffusée sur OCS, derrière Game of Thrones.
Cette bande originale si singulière, Hildur Guðnadóttir en a trouvé l’inspiration en se rendant dans la centrale nucléaire d’Ignalina en Lituanie, fermée et démantelée il y a dix ans. Du même prototype que celle de Tchernobyl, elle a servi de décor pour le tournage de la série. Et là-bas, l’Islandaise s’est imprégnée de l’ambiance en y enregistrant le bruit de fond et même une partie des sons utilisés pour composer sa musique.
Une bande sonore pour laquelle elle avait déjà été récompensée lors des Emmy Awards fin septembre. Ce trophée aux Grammy est une première en solo pour une Islandaise. La chanteuse Björk, malgré ses 15 nominations jusqu’ici, n’a pas encore réussi cet exploit.
Déjà primée pour le Joker
Elle est également l’auteure de la musique du film Joker, qui a totalisé près de 5,5 millions d’entrées en France. Hildur Guðnadóttir a déjà été primée 6 fois sur 7 pour ce film, notamment au Festival de Venise l’an passé et au tout début du mois aux Golden Globes dans la catégorie meilleure musique originale. Elle est également nominée, toujours pour Joker, aux BAFTA et aux Oscars, deux distinctions majeures qu’elle pourrait recevoir début février.
Le violoncelle que l’on entend dans bien des titres de la bande originale, c’est la marque de fabrique de l’Islandaise. Un instrument dont elle joue depuis qu’elle a cinq ans et avec lequel elle a "partagé amour et haine", comme elle le confie elle-même. Elle se souvient notamment à quel point c’était difficile pour la petite fille de 8 ans qu’elle a été de se rendre à ses répétitions, transportant les 10 kilos de son violoncelle en marchant dans le froid et le vent de l’hiver islandais. L’instrument à cordes est sa signature, que l’on avait déjà entendue dans la série islandaise Trapped diffusée sur France 2 en 2016 et 2019.
Si la première saison avait cartonné avec plus de 3,5 millions de téléspectateurs en moyenne, la deuxième avait eu un peu plus de mal à captiver l’audimat.
Une famille de musiciens
Dans une interview il y a quinze jours au Grapevine (un journal islandais en anglais), Hildur Guðnadóttir explique que le hasard y est pour beaucoup. Les deux projets sur lesquels elle a travaillé en 2019 ont reçu l’un et l’autre un accueil qui a "dépassé (ses) rêves les plus fous". Impossible en effet pour l’Islandaise de 37 ans d’anticiper pareille accélération de sa carrière, dans un monde où seul 1% des compositeurs sont des femmes.
La petite Hildur a grandi à Hafnarfjörður dans l’agglomération de Reykjavík, dans une famille au goût prononcé pour la musique. Son père est compositeur et clarinettiste et sa mère, chanteuse d’opéra. Après avoir terminé ses études en Islande, elle file à Berlin en 2005 où elle obtient son diplôme de l’université des arts. Elle vit dans la capitale allemande depuis maintenant 15 ans et confie n’avoir jamais eu l’ambition de devenir compositrice de musique de films. Elle est tombée dedans par hasard grâce à l’aide d’un ami, Jóhann Jóhannsson, un compositeur très connu en Islande, décédé d’une overdose en 2018, avec qui elle avait collaboré sur plusieurs projets, notamment la série Trapped.
Hildur Guðnadóttir pourrait maintenant devenir le 9 février prochain la première Islandaise à recevoir un Oscar.
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