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En Irlande, l'application Covid Tracker remporte un franc succès, loin devant la française StopCovid

Dix jours après son lancement, l'application de lutte contre le coronavirus a été téléchargée par 20% des Irlandais. Les autorités ont multiplié les interventions pour rassurer les citoyens sur la protection de leur vie privée.

Article rédigé par franceinfo - Emeline Vin. Edité par Valentine Joubin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
En Irlande comme en Belgique (photo), l'application de lutte contre le coronavirus s'appelle Covid Tracker (LAURIE DIEFFEMBACQ / BELGA)

Après StopCovid en France, l’Irlande a lancé, à son tour, son application anti-coronavirus il y a une dizaine de jours. Contrairement à l'expérience française, plutôt décevante pour le moment, le système irlandais rencontre un franc succès. En deux jours, plus d’un million de personnes s’étaient enregistrées, soit un habitant sur cinq.

Covid Tracker est assez simple à utiliser. Après avoir téléchargé l'application, l'utilisateur a le choix entre ajouter son numéro de téléphone ou son comté de résidence. Il peut aussi déclarer quotidiennement s'il présente des symptômes de la maladie. Covid-Tracker repose sur la technologie Bluetooth, c’est-à-dire que si l'on reste plus de 15 minutes à proximité de quelqu’un qui a également téléchargé l’application, les téléphones respectifs vont "entrer en contact". Si l'un des deux utilisateurs tombent malade, l'autre sera automatiquement contacté par les autorités sanitaires.

Le gouvernement a acquis la confiance des citoyens

Mais la facilité d'utilisation ne suffit pas à expliquer la popularité de Covid Tracker. Pourquoi l'application a-t-elle été téléchargée par 20% des Irlandais alors que seuls 15% des Allemands ont eu recours à la Corona-Warn-App, 7% pour l'application italienne et 3% en France pour Stop Covid ? Pour Hannah Julienne, chercheuse au sein de l’unité comportementale de l’institut Economique et social irlandais et qui a travaillé au développement de l’application Covid Tracker, le premier facteur de réussite est le capital confiance du gouvernement. "Le gouvernement a toujours été très clair et très cohérent dans sa communication. Le public a très bien répondu aux recommandations sanitaires. Tout le monde voulait faire sa part. Télécharger l'application, c'est la nouvelle étape de ce processus. Et puis, l'application a été lancée une semaine après la levée de beaucoup de restrictions. Les restaurants, les pubs ont rouvert."

C'est vraiment arrivé au bon moment, quand les gens voulaient la fin des restrictions, mais avaient quand même un peu peur.

Hannah Julienne, chercheuse irlandaise ayant participé à la création de Covid Tracker

à franceinfo

Il y a aussi un facteur culturel, les Irlandais étant assez solidaires. Hannah Julienne souligne également l’importance de la pédagogie : "Dans les sondages comportementaux qu'on a réalisés, on s'est rendu compte qu'il fallait rassurer les gens, rappeler que leur identité ne sera pas transmise aux autres utilisateurs et que leurs données sont stockées uniquement sur leur téléphone et pas dans un serveur centralisé. Toutes ces informations font que les gens sont plus à l'aise à l'idée de télécharger l'application." Le jour du lancement, le ministre de la Santé Stephen Donnelly a multiplié les interventions médiatiques pour rassurer et encourager les Irlandais à s’enregistrer.

Une arme parmi d'autres dans l'arsenal irlandais

Malgré son succès, Covid Tracker n'est pas une solution miracle. Pour que sa fonction d'alerte et de traçage des malades fonctionne réellement, il faudrait qu’au moins la moitié de la population la télécharge. On en est encore loin, même en Irlande. D’autant que parmi les 1,4 million de téléchargements, on ne sait pas combien de personnes utilisent correctement Covid Tracker, si leur bluetooth est bien activé, ou même si elles ne l’ont pas désinstallée. De toute façon, les autorités sont très claires : l’application n’est qu’une arme en plus dans l’arsenal irlandais contre le coronavirus. Elle ne doit pas faire oublier les autres gestes barrières : porter un masque, se laver les mains, et respecter une distance sanitaire de deux mètres.

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