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En Indonésie, un sentiment anti-chinois entrave la campagne de vaccination contre le Covid

La campagne de vaccination a commencé en janvier 2021, et c’est à 90% des doses du vaccin chinois Sinovac qui sont administrées.

Article rédigé par franceinfo - Gabrielle Maréchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une infirmière administre un vaccin  (CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP)

Un fort sentiment anti-chinois inquiète les autorités indonésiennes. Il vient entraver la campagne de vaccination lancée en janvier 2021 car c'est principalement le vaccin chinois Sinovac qui est administré en Indonésie (90% des doses injectées). 

Ce vaccin était perçu comme une dernière chance, dans ce pays qui n’a jamais réussi à contrôler la pandémie. À Jakarta, de nouveaux cimetières ont dû être construits à la fin de l'année 2020, ceux qui existaient étant déjà saturés par les morts du Covid-19.

Des mesures coercitives pour inciter les Indonésiens à se faire vacciner

Pour inciter la population à se faire vacciner, les autorités religieuses ont donc décrété que le vaccin était halal, ce qui a son importance dans le pays qui compte le plus de musulmans au monde. Ensuite, les autorités ont tâché de rendre la vaccination obligatoire en menaçant d'infliger des amendes ou de retirer les aides sociales aux réfractaires. 

Mais la vaccination anti-Covid n'attire toujours pas la confiance. L'équipe de chercheurs de l'anthropologue Sharyn Davies s'est intéressée à ce phénomène."Ce qui m’a surpris, c’est que les Indonésiens se font massivement vacciner normalement, contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, et ne se soucient pas de la provenance du vaccin d’habitude. Mais aujourd’hui, il y une nouvelle méfiance véhiculée notamment par l’idée que la Chine a de mauvaises intentions".

Les raisons du scepticisme contre le vaccin Sinovac

Si cette méfiance envers la vaccination paraît inédite, le sentiment anti-chinois lui, n’est pas nouveau. La Chine a toujours été mal perçue en Indonésie, notamment à cause du communisme qui est interdit dans le pays depuis 1966. Quant au vaccin Sinovac, beaucoup de personnes interrogées par l’équipe de Sharyn Davis justifient leur scepticisme par le fait que la Chine ait importé des vaccins allemands BioNTech. Preuve, selon eux, que les vaccins développés en Chine ne sont pas efficaces. De nombreux répondants ont également expliqué avoir le sentiment de servir de cobayes parce que l’Indonésie est l'un des pays où ont eu lieu les essais cliniques du vaccin Sinovac.

Cette défiance peut avoir d'autres conséquences en terme de santé publique. Par exemple, une jeune mère interrogée par les chercheurs a assuré qu'elle n'emmenerait pas son enfant se faire vacciner contre les maladies infantiles. Elle redoute que les autorités en profitent pour lui administrer également un vaccin contre le covid.

On constate que la confiance est rompue entre la population et les autorités sanitaires, et c’est vraiment très triste.

Najmah, épidémiologiste

franceinfo

Pour l’épidémiologiste Najmah, au-delà du sentiment anti-chinois, il y a une crise de confiance à l'égard du gouvernement indonésien."Le gouvernement doit prendre ce problème à bras le corps et le résoudre avec plus de transparence et moins de mesures coercitives. Car on constate une sorte de résistance collective si le gouvernement essaie de résoudre cela avec plus de sanctions".

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est également défavorable à la vaccination obligatoire.

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