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En Inde, les trésors du Vieux Goa, "Rome de l’Orient", menacés par l'appétit des promoteurs

La vieille cité de Goa est inscrite au patrimoine de l’Unesco. Pourtant, certains s’y projettent une villa, d’autres une autoroute. La résistance de ses défenseurs s’organise.

Article rédigé par franceinfo - Côme Bastin, édité par Ariane Schwab
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Sainte-Catherine de Goa est depuis 1554 la cathédrale du plus ancien diocèse catholique d'Asie (illustration). (KIEDROWSKI, R. / ARCO IMAGES GMBH / VIA MAXPPP)

Le Vieux Goa, une cité religieuse et archéologique de la côte ouest de l’Inde, renferme d’inestimables trésors au point d’avoir été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est là que les Portugais ont fondé leur première ville en Asie en 1510. Au XVIIe siècle, la cité de Goa était surnommée "La Rome de l’Orient" tant on y trouvait d’églises et d’habitants.

Aujourd’hui, on trouve encore de très belles églises aux façades blanches, étincelantes sous le soleil Indien. Comme la Basilique du Bon-Jésus, ou reposent les reliques de Saint-François Xavier, vénéré jusqu’au Japon. Mais derrière ces quelques monuments classés, le site recèle encore beaucoup de trésors qui sont soit ignorés, soit carrément menacés. Poonam Mascarenhas, responsable pour l’Inde du Conseil international des monuments et sites, a créé une carte qui tente de les recenser. "Nous savons que l’histoire du Vieux Goa commence avant même les Portugais en 1510, explique-t-il. Auparavant, le sultan Adil Shah a régné sur la zone ainsi que l’empire hindou des Kadampas. Il y a donc énormément de sites qui doivent être protégés".   

"Des archéologues ont authentifié ici la relique de la reine martyr Ketevan. Qui sait ce que le site cache encore sous nos pieds ?"

Poonam Mascarenhas, responsable du Conseil international des monuments et sites

à franceinfo

Un événement a récemment mis le feu aux poudres. La construction d’une résidence privée par un proche du parti nationaliste hindou BJP en plein dans la zone classée a l’Unesco du Vieux-Goa. Une vingtaine de chrétiens ont organisé une grève de la faim pour protester contre cette villa qui repose probablement sur les ruines des anciennes douanes de la ville. Surtout, des citoyens se sont fédérés au sein du Goa Heritage Action group. Ils ont notamment réussi à éviter qu’une l’autoroute passe juste devant la basilique du Bon-Jésus et de très importantes ruines.   

Un périmètre de protection trop étroit  

Mais le problème c’est que nombre des vestiges historiques du Vieux Goa sont placés en dehors de son étroit périmètre officiel de quatre kilomètres carrés et ne bénéficient d’aucune protection. Or à seulement dix kilomètres de Panjim, la capitale de Goa, et à proximité de la rivière Mandovi, le site verdoyant suscite l’appétit des promoteurs. Il suffit de se balader sur les collines avoisinantes pour trouver d’anciennes portes, d’anciennes forteresses laissées à l’abandon. La faute au développement immobilier mais pas seulement, selon l’architecte Fernando Velho, auteur d’un livre sur le patrimoine portugais de Goa. "Après l’Indépendance de l’Inde et l’annexion de Goa, on célébrait la diversité de l’Union Indienne. Mais depuis dix ans et l’accession de Narendra Modi au pouvoir, le patrimoine des chrétiens ou musulmans est gravement menacé, dénonce l’architecte. Il y a un climat politique qui fait passer les Hindous d’abord. Il faut résister à cela." 

Alors que les élections se sont déroulées le 14 février à Goa ou le BJP est au pouvoir, un climat de rébellion flotte dans l’air. Résultats le 14 mars prochain. 

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