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En Inde, la caricature d'une déesse enflamme les réseaux sociaux

Publiée sur Twitter par une avocate engagée, la caricature est jugée offensante. De nombreuses plaintes ont été déposées contre l'avocate.

Article rédigé par franceinfo - Côme Bastin, édité par Sarah Calamand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'avocate indienne Deepika Singh Rajawat (au centre) à la sortie de la Cour Suprême de New Delhi en avril 2018. (SAJJAD HUSSAIN / AFP)

Sur le dessin, on peut voir d’un côté un homme écartant les jambes d’une femme, et de l’autre, le même homme réalisant une offrande à Durga, une déesse en l’honneur de laquelle la fête bat son plein en cette fin du mois d'octobre en Inde. L’image à l’origine des menaces a été postée lundi 19 octrobre sur Twitter par l’avocate Deepika Singh Rajawat, connue pour son engagement contre les agressions sexuelles.

Pour elle, il ne s’agit absolument pas d’insulter une religion. "Je suis hindoue moi-même, pourquoi irais-je critiquer ma propre foi ? Il s’agissait de faire bouger les mentalités, explique-t-elle. Ici, de nombreux viols sont commis contre les femmes. Il faut donc célébrer les déesses, mais aussi traiter les femmes avec dignité, toute l’année."

Un blasphème "anti-hindous"

Cependant, de nombreux Indiens ont, eux, vu dans le dessin un blasphème et les réseaux sociaux se sont enflammés pour demander son arrestation. "Elle choisit délibérément un festival hindou et une déesse hindoue pour sa caricature. Pourquoi pas plutôt la Vierge Marie ?, s'indigne Ramesh Solanki qui dirige une cellule de surveillance numérique des contenus jugés "anti-hindous". "Quiconque viole est un violeur, sans distinction de religion. Ce dessin tente de faire croire que tous les hindous sont des violeurs. Mais c’est complètement faux, car la plupart des viols sont faits en Inde par d’autre communautés ! Nous avons donc été très choqués et nous avons porté plainte." Ramesh Solanki n’est pas le seul. De nombreuses plaintes ont été enregistrées lundi 26 octobre par la police de la part de groupes activistes hindous.

Des menaces de mort et de viol

Ces plaintes peuvent déboucher sur des procédures pour incitation à la haine, mais Deepika Singh Rajawat n’est pas arrêtée et il n’est pas certain qu'elle le soit. Cependant, depuis une semaine, l'avocate affirme vivre un enfer. "À une heure du matin, une foule s’est rassemblée devant chez moi et a scandé ouvertement qu’ils allaient creuser ma tombe, raconte-t-elle. Je reçois des menaces de mort, des menaces de viol. Mais la police ne me protège pas. Au lieu de cela, je suis accusée par la police, sur des bases complètement contraires à la loi".

La presse d’extrême droite s'est fait le relais de l’indignation contre l’avocate. Mais de nombreux internautes lui ont aussi apporté leur soutien, au nom de la lutte contre les violences faites aux femmes. Plusieurs sites féministes indiens ont, eux, jugé que l’affaire illustrait un climat mondial d’intolérance à l’égard de la liberté d’expression. L’un d’eux a fait le parallèle avec la situation en France.

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