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En Ethiopie, la région de l'Afar théâtre d'un nouveau drame humanitaire

L'Afar est la région la plus chaude d'Ethiopie, elle abrite le désert du Dallol, considéré comme le point le plus chaud sur Terre.

Article rédigé par franceinfo - Noé Hochet-Bodin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme est assise à côté de ses bagages dans un camps de réfugiés de la ville de Semera dans la région Afar en Ethiopie le 14 février 2022. (EDUARDO SOTERAS / AFP)

Dans la corne de l’Afrique, l'Ethiopie connaît une guerre civile depuis presque quinze mois, en particulier dans la région du Tigré dans le nord du pays. Mais alors que les combats s’étaient récemment calmés, laissant espérer des négociations, un nouveau front s’est ouvert fin janvier. Les rebelles tigréens ont envahi la région Afar, au nord-est de l’Ethiopie à la frontière avec Djibouti, créant du même coup un nouveau drame humanitaire. 

Cette région à la géographie particulièrement inhospitalière est la plus chaude d’Ethiopie. Avec ses gisements de souffre, le désert du Dallol est d’ailleurs considéré comme le point le plus chaud du monde, les températures y dépassent constamment les 50 degrés. La guerre dans l’Afar est donc avant tout un combat contre la nature, surtout pour les populations civiles qui fuient le conflit à travers le désert, près de 300 000 personnes d’après les derniers chiffres. 

Des crimes de guerre commis des deux côtés

Mais ils seraient peut-être plus nombreux encore car le nord de la région est sous contrôle tigréen, coupé du monde, sans accès ni communications. En un mois, 19 camps de réfugiés ont été établis dans la région. Nour Burali a gagné l'un d'eux. Ce berger a fui avec ses quatre épouses et ses dix enfants. "Il y a toujours des personnes portées disparues, on ne sait pas ce qu’il est advenu d’eux", raconte-t-il. "On ne sait pas s’ils ont réussi à fuir, s’ils sont morts sur le chemin ou s’ils sont encore dans la nature. La guerre nous a pris au dépourvu, on ne s’y attendait vraiment pas. On attend toujours le soutien du gouvernement."

L’an dernier, l’ONU affirmait que des crimes de guerre avaient été perpétrés par toutes les parties du conflit. Il est difficile de vérifier ces accusations en Afar, sans accéder au nord de la région, mais tous les témoignages des habitants font part d’une même brutalité de la part des forces tigréennes. "Ils pillent tout", explique Hassan Mohammed, un milicien afar blessé dans les combats. "Les animaux, les habitations sont incendiés. Nous, leurs prisonniers on les traite bien. Eux par contre, ils achèvent nos prisonniers à l’arme blanche."

L'Afar, une région stratégique

Après une courte accalmie dans cette guerre, les rebelles tigreens ont décidé d’envahir une nouvelle région, l'Afar. Le parti tigréen du TPLF assure que son intervention vise à éliminer des mercenaires érythréens. Mais l’Afar est aussi stratégique à plusieurs égards. D’abord son sous-sol est riche : on y trouve du sel, de la potasse, et de l’or. Ensuite, c’est par cette région que passe l’axe routier qui relie Djibouti à la capitale éthiopienne Addis Abeba. C’est donc par là que transitent 90% des importations. Autrement dit : couper cette route reviendrait à asphyxier l’économie de l’Ethiopie. 

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