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En direct du monde. La police de Montréal empêtrée dans une affaire d'écoutes téléphoniques

En direct du monde vous emmène au Québec où la police se retrouve au cœur d'un scandale. Il est question d'écoutes téléphoniques et de surveillance de journalistes.

Article rédigé par franceinfo, Pascale Guéricolas
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Depuis quelques jours, les Québécois découvrent avec stupéfaction les méthodes plutôt invasives de leur police (illustration bureaux de Montréal) (MAXPPP)

Depuis quelques jours, les Québécois découvrent avec stupéfaction les méthodes plutôt invasives de leur police. Les communications téléphoniques de plusieurs journalistes ont fait l’objet de surveillance policière pendant plusieurs années. Face à ce scandale, le gouvernement québécois vient de mettre sur pied une commission d’enquête publique.

Des écoutes qui s'empilent

Les premières révélations concernent effectivement de possibles informateurs au sein de la police de Montréal qui auraient renseigné au moins un journaliste du quotidien La Presse. Il y a quelques jours, le grand public apprend que ce service de police a obtenu d’un juge de paix l’autorisation de connaître la liste des appels entrants et sortants de ce reporter pendant six mois. À la suite de ces révélations, le premier ministre du Québec décide de resserrer les procédures pour obtenir de tels mandats. Désormais surveiller de cette façon le téléphone d’un journaliste, demandera autant de précautions qu’un magistrat ou un élu. Cerise sur le gâteau dans cette affaire, un autre juge a autorisé les policiers à également écouter les conversations téléphoniques sur ce fameux téléphone. Voici pour le premier acte de cette affaire, un journaliste concerné, auquel se rajoute finalement un de ses collègues. Et seulement la police de Montréal mise sur la sellette.

D'autres épisodes attendus

La suite s'annonce de taille. Dans la foulée, les journalistes et le grand public ont découvert que cette surveillance policière avait beaucoup plus d’ampleur qu’on ne le soupçonnait au départ. La Sureté du Québec, présente partout sur le territoire de la province, a elle aussi scruté la liste des appels téléphoniques d’au moins 6 journalistes. Une surveillance exercée pendant plus de 4 ans pour quelques-uns d’entre eux. Apparemment, les policiers cherchaient à découvrir, qui, dans leur organisation, renseignaient les reporters. Ces fuites concernaient une enquête impliquant l’industrie du bâtiment, un syndicat, et des élus municipaux corrompus. Cette affaire a finalement débouché sur un énorme scandale qui a changé le fonctionnement des marchés publics.

Indignation après les révélations

Qu’il s’agisse du public, des élus, et même du syndicat de la police de Montréal, tous s’indignent d’une telle atteinte à la liberté de la presse. Plusieurs dénoncent aussi l’apparente collision entre les policiers et l’appareil politique. Il a suffi en effet qu’un ancien ministre de l'Intérieur décroche son téléphone pour qu’un chef de police se croit obligé de surveiller les communications téléphoniques des journalistes. De leur côté, les journalistes s’inquiètent pour les informateurs auxquels ils ont parlé pendant plusieurs années sur des téléphones espionnés par la police. Leur identité a-t-elle été dévoilée ? Quelles conséquences cela pourrait-il avoir ? Bref, ce scandale aura sans doute de multiples suites. On imagine difficilement que la liste des reporters faisant l’objet d’une surveillance s’arrête aux huit noms déjà identifiés.

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