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En direct du monde. En Suède, le télépaiement s'impose jusqu'aux quêtes dans les églises

En Suède, les pièces de monnaie et les billets de banque sont devenus une denrée  rare, tout ou presque se paie par carte ou via la téléphonie mobile.

Article rédigé par Laure Stephan - Anne-Francoise Hivert
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les Suédois ont l'habitude de payer avec leurs cartes bancaires plutôt qu'en espèces. (CHRISTIAN SCIENCE MONITOR / GETTY IMAGES)

Imaginez une société sans pièce et sans billet, où toutes les transactions se font par carte bancaire ou via le téléphone portable. Il pourrait s'agir d'un scénario de science-fiction. Pas du tout. Il suffit de se rendre en Suède pour s'apercevoir qu'on y est presque. Là-bas, le paiement en espèce se fait de plus en plus rare.

Pour le visiteur étranger, cela peut vite tourner au cauchemar. Depuis plusieurs années déjà, les chauffeurs de bus – dans les grandes comme dans les petites villes – refusent les espèces sonnantes et trébuchantes. On voyage avec une carte prépayée ou bien un ticket électronique, acheté via l’application de la compagnie. Les commerçants et les restaurateurs sont eux aussi de plus en plus nombreux à boycotter le liquide.

Même les SDF, qui vendent des journaux de rue, préfèrent se faire payer par carte – grâce à un petit boîtier – créé par la compagnie suédoise iZetlle, relié à leur téléphone portable. Et l’église n’est pas en reste : elle propose désormais la quête électronique.

Les Suédois ont de l'intérêt pour les nouvelles technologies

C’est un marché de primo-adoptants. Le taux de pénétration des smartphones y est un des plus élevés au monde. Les Suédois paient leurs impôts par SMS, règlent leurs factures via Internet. Ils utilisent aussi, en moyenne, trois fois plus leur carte bancaire que leurs voisins européens. Mais si l’évolution est allée aussi vite, c’est surtout parce que les banques ont tout fait pour l’accélérer. En créant, par exemple, une application mobile, Swish, qui est née d’un partenariat entre les six plus grandes banques du pays.

Elle permet aux particuliers d’effectuer des virements d’un compte à l’autre, en temps réel et gratuitement, en utilisant simplement le numéro de téléphone du destinataire du transfert. Le mois dernier, plus de 23 millions de paiements ont ainsi été réalisés. Par ailleurs, les banques ont fermé des distributeurs automatiques. Et ces cinq dernières années, elles ont réduit de moitié le nombre de leurs agences acceptant de traiter de l’argent liquide.

Bientôt la fin de l'argent liquide ?

Un chercheur à Stockholm parle de 2030. Mais on n’en est pas encore là. Car la résistance s’organise. Certains groupes n’apprécient pas de voir disparaître l’argent liquide. Les plus âgés, par exemple, pas toujours à l’aise avec les nouvelles technologies. Certains psychologues s’inquiètent par ailleurs de l’impact sur les enfants, qui risquent de ne jamais apprendre la valeur de l’argent, dans une société où la monnaie serait totalement dématérialisée.

Le patron de la Fédération des entreprises de sécurité, Björn Eriksson, a pris la tête de "kontantuppropet" (la révolte du liquide). Il alerte sur les risques qu’un système de paiement exclusivement numérique ferait peser sur la sécurité du royaume.

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