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En direct du monde. En Grèce, le gouvernement multiplie les ventes aux enchères électroniques de résidences principales

Les salariés du secteur public descendent jeudi dans la rue en Grèce pour protester contre les nouvelles mesures d’austérité. Ils reprochent au gouvernement la mise aux enchères électroniques des résidences principales pour dette envers l’Etat.

Article rédigé par franceinfo, Angélique Kourounis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les manifestants sont dans les rue d'Athènes pour une journée de grève générale, le 14 décembre 2017. (ARIS MESSINIS / AFP)

C’est la grève générale en Grèce jeudi 14 décembre. Une de plus : les salariés du secteur public descendent dans la rue pour protester contre les nouvelles mesures d’austérité contenues dans le budget 2018. Avec, au coeur de leur colère, la mise aux enchères électroniques des résidences principales pour dette envers l’Etat.

L’un des mots d’ordre principaux du candidat Alexis Tsipras en 2015 était : "Pas une seule maison aux banquiers." Une manière d'assurer aux citoyens grecs ruinés par la crise qu'ils verraient pas leurs logements saisis et, prosaïquement, qu'ils auraient toujours un toit. La loi, de fait, protégeait les résidences des chefs de famille si leur valeur n'excédait pas 300 000 euros, assurant par là les couches les plus défavorisées (et surtout la classe moyenne laminée) d’une certaine sécurité.

Alexis Tsipras s'incline finalement

Las. Les créanciers du pays ont fait de ces mises aux enchères une condition sine qua non, entre autres, pour donner le feu vert de la prochaine tranche de prêt dans le cadre de la revue des avancées de ce qui fut convenu de nommer les "réformes économiques du pays". Alexis Tsipras dût lâcher prise  : les premières mises aux enchères on eu lieu, malgré la forte résistance des Grecs. On a ainsi vu ces derniers investir les tribunaux et se battre au corps à corps avec la police. Les notaires chargés de surveiller la procédure étaient évacués par les forces anti-émeutes à coup de gaz lacrymogènes, et ce pendant des mois.

Les créanciers n'ont pas fait marche arrière 

Le gouvernement a allègrement franchi la ligne rouge des résidences principales, selon le mouvement "Je ne paie pas", à la tête de la contestation. Plusieurs maisons ont ainsi été mises pour la première fois, cette semaine, aux enchères, électroniquement, via internet. La contestation continue mais bien moins forte.

Le marché immobiler grec s’est effondré de 30% 

Pour le gouvernement l’enjeu est double : faire passer à la population le message qu’au final, faillite ou pas, chômage ou pas, crise ou pas, les dettes envers l’Etat seront payées. Peu importe les défaillances de cet Etat. Et devant les créanciers, montrer patte blanche. But de l’opération : tenir à distance des créances douteuses des banques, estimées à un peu plus de 50% de leur portefeuille de prêt, et éloigner les fonds vautours qui rôdent autour de ces créances pour spéculer. Si les banques ne réduisent pas d’elles même ces créances, ces derniers pourraient alors prendre le contrôle. Le choix est cornélien pour le gouvernement mais au final, c’est aux banques qu'il donne sa préférence. 115 000 biens immobiliers sont concernés par ces mises aux enchères.

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