En direct du monde. En Afrique du Sud, des étudiantes construisent un satellite
Une quinzaine de jeunes filles originaires de la ville du Cap, en Afrique du Sud ont aidé à la conception d'un satellite. Un satellite qui doit améliorer les récoltes sur le continent africain.
L'Afrique du Sud va lancer dans quelques mois le premier satellite privé du continent, qui permettra de collecter des informations utiles à la sécurité alimentaire en Afrique. Un projet unique a double titre, puisqu'il est porté par 14 jeunes filles sud-africaines, des lycéennes de 16 à 18 ans originaires de la ville du Cap, qui ont conçu ce satellite.
Elles ont été sélectionnées lors d'ateliers organisés dans les écoles de la ville puis elles ont participé à plusieurs "camps d'entrainement spatiaux" pendant leur vacances scolaires pour construire cet engin. Lunettes de protection vissées sur le nez, fer à souder en main, elles ont construit et assemblé les charges solides du satellite, c'est à dire les antennes, le téléscope, la sonde spatiale. Des pièces qu'elles ont elles-mêmes conçues. Une fois dans l'espace, le satellite permettra de récolter des données thermiques qui permettront de prévoir les sécheresses ou les inondations, notamment.
L'enjeu : intéresser les jeunes filles aux sciences
Ces ingénieurs en herbe sont soutenus par l'organisation de développement économique sud-africaine Medo (Meta Economic Development Organisation), à l'origine du projet. Elles sont aussi accompagnées par les ingénieurs de l'université technologique de la péninsule du Cap, avec la collaboration d'une université américaine. En les aidant à concevoir et fabriquer par elles-mêmes un satellite, l'idée est en fait d'inciter les jeunes sud-africaines à s'engager dans des carrières scientifiques ou techniques, où elles sont très très peu représentées. La compagnie Medo l'a dit très clairement dans son communiqué : le but de ce projet, c'est surtout de "renverser l'héritage de l'apartheid".
Avant la fin du régime ségrégationniste, en 1994, les sciences et les mathématiques n'étaient effectivement pas enseignées aux enfants Noirs et Métis mais uniquement aux Blancs. Cette interdiction raciste a des conséquences aujourd'hui encore et le niveau global en mathématique et en science est encore très faible en Afrique du Sud. Le décrochage est encore plus marqué pour les jeunes filles.
La compagnie Medo estime que d'ici 2020, 80% des emplois auront un lien avec les sciences et les technologies, alors que seules 10% des filles sud-africaines sont intéressés par ces sujets. En aidant à la construction de ce petit satellite, ces jeunes filles ont justement élargi le champ des possibles, et plusieurs d'entre elles envisagent même sérieusement une carrière dans l'aérospatiale. La compagnie Medo voudrait d'ailleurs étendre ce programme à d'autres pays africains.
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