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En direct du monde. Au Venezuela, Nicolas Maduro prête serment dans un pays qui survit grâce à ceux qui ont fui

Le pays est secoué par une énorme crise économique et politique depuis plusieurs années. Les habitants essayent de survivre comme ils peuvent, aidés la plupart du temps par de la famille qui a réussi à émigrer. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président venezuelien Nicolas Maduro, le 9 janvier.  (YURI CORTEZ / AFP)

Au Venezuela, Nicolas Maduro prête serment pour un second mandat, jeudi 10 janvier, alors que son pays traverse la pire crise économique de son histoire. Le FMI estime que l’inflation sera de 10 000 000% en 2019, ce qui pousse la population à fuir. Depuis 2015, 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, selon l’ONU. Parmi ceux qui restent, 80% touchent le salaire minimum qui vaut désormais à peine plus de 5 euros. Paradoxalement, c'est grâce à l’émigration, et à l’argent envoyé par leurs proches, que bon nombre d’entre eux survivent.

>> VIDEO "Le Venezuela est à terre" : à la frontière avec la Colombie, des centaines de milliers de Vénézuéliens fuient la crise

Au Venezuela, on appelle cet argent venu de l'étranger, des "remesas". Au début de la crise migratoire en 2015, un peu moins de 10% des Vénézuéliens en vivaient. Désormais, cela concerne plus d’un tiers de la population. Une aide extérieure devenue indispensable, depuis que le salaire minimum ne vaut plus rien, témoigne Carlito : "Le salaire minimum pour une personne au Venezuela permet d’acheter une boîte d’œufs et un demi-kilo de fromage. Qui peut survivre avec ça pendant un mois ?". Carlito survit grâce à sa fille qui travaille aux États-Unis. Elle lui envoie quelques dizaines de dollars chaque mois. 

Cet argent était envoyé par virement bancaire, mais depuis quelque temps ce n'est plus possible. En nationalisant plusieurs grandes banques, le gouvernement a interdit les virements d’un compte étranger vers un compte vénézuélien, officiellement pour limiter l’inflation. Les familles doivent désormais utiliser des intermédiaires pour faire passer l’argent. Ils ont un compte à l’étranger sur lequel ils reçoivent des dollars, et ils donnent des bolivars à la famille à partir d’un autre compte au Venezuela. Ce système coûte plus cher aux familles.

Les gangs font régner la peur

D'autres personnes profitent de ce système. Au Venezuela, les gangs sont légion dans les quartiers populaires, comme l'explique Alfredo Infante, le prêtre du quartier La Vega à Caracas. "Cela génère un problème d’insécurité pour les familles. Ici, la mafia est proche du gouvernement et fait ce qu’elle veut. Elle identifie les familles qui vivent grâce à cet argent envoyé de l’extérieur et les fait vivre dans la peur de l’enlèvement et de l’extorsion. C’est un problème très sérieux", estime-t-il. 
 
Selon le cabinet économique Ecoanalitica, près de trois milliards de dollars ont été envoyés au Venezuela par la diaspora en 2017. Et ce chiffre devrait exploser car plus il y a d’inflation, plus les Vénézuéliens essaient de se procurer des dollars à l’étranger. Or ni l’inflation, ni l’émigration ne semblent ralentir dans ce pays.

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