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En Corée du Sud, les héritiers de l'ancien patron de Samsung se séparent de toiles de maîtres pour payer des droits de succession

Les enfants et la veuve de Lee Kun-Hee doivent 9 milliards d’euros à l'État sud-coréen. Il a donc fallu se séparer de l’impressionnante collection d’œuvres d’art comprenant notamment des tableaux de Picasso ou Monet.

Article rédigé par franceinfo - Nicolas Rocca, édité par Thomas Destelle
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Lee Jae-yong, vice-président de Samsung et fils de Lee Kun-Hee, à la sortie d'un procès à Séoul. Photo d'illustration. (JUNG YEON-JE / AFP)

Six mois après le décès du président de Samsung, les enfants et la veuve de Lee Kun-Hee se sont résolus à se séparer de toiles de maître pour ne pas alourdir les droits de succession. Des tableaux de Monet, Picasso, Gauguin et Miro seront donnés au Musée national d’art contemporain de Séoul. C’est la décision à laquelle ont dû se résoudre les héritiers de l’ex-PDG de Samsung pour essayer de diminuer une ardoise fiscale record. Les taux d’impositions sur l’héritage sont très élevés en Corée du Sud et celui qui a fait décoller le géant de l’électronique mondial a laissé derrière lui plus de 16 milliards d’euros de patrimoine.

Il faut savoir que les seuls impôts de succession de la famille Lee représenteront trois à quatre fois ce que le gouvernement sud-coréen a perçu en termes de taxe d’héritage en 2020. Il a donc fallu se séparer de l’impressionnante collection d’œuvres d’art de celui qui a transformé l’entreprise sud-coréenne. On parle d’environ 23 000 pièces pour une valeur estimée à près d’1,5 milliard d’euros qui seront désormais accessibles pour le grand public en Corée du Sud.

Un portefeuille boursier préservé

Ces dons sont surtout motivés par un impératif financier. En plus des œuvres d’arts, une partie du patrimoine sera versée à des organisations de santé. Cette manœuvre vise en réalité à préserver ce qui fait le pouvoir de la famille Lee, la propriété du géant du groupe Samsung Electronics. Pour cela, il était donc nécessaire de privilégier le portefeuille boursier de l’entreprise qui représente un peu moins de 20% du PIB sud-coréen, plutôt que la collection privée d’œuvres d’art. Mais pour Joo-Jin Woo, journaliste spécialiste des affaires conglomérat, c’est aussi une opération de communication : "Ce n’est rien pour les propriétaires de Samsung, la famille Lee, ils ont beaucoup d’argent. On peut dire que c’est une espèce de représentation qu’ils sont en train de faire. Ils vont avoir recours à des prêts pour rembourser les taxes, c’est vraiment un spectacle destiné à séduire le grand public."

Le soutien de l’opinion publique sud-coréenne serait bénéfique surtout à Lee Jae Yong, fils de l’ancien PDG et de fait son successeur du groupe qui purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison pour corruption. Les voix, principalement issue du monde des affaires, demandant une grâce présidentielle, se font de plus en plus entendre ces dernières semaines. L’argument central serait de permettre à l’entreprise qui est le deuxième constructeur mondial de semi-conducteurs de disposer de son chef pleinement alors que le monde affronte une pénurie dans le secteur. Pour autant, Samsung est habituée à cette situation et sait obtenir de bonnes performances malgré les déboires judiciaires de ses dirigeants.

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