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En Autriche, l'incroyable histoire des 6 500 oeuvres d’art cachĂ©es par les nazis dans une mine de sel

C’est dans cette mine que furent cachĂ©es, durant la Seconde Guerre mondiale, des milliers d'Ɠuvres d’art qui auraient pu totalement disparaĂźtre. Parmi elles, des chefs d'Ɠuvre absolus : une Madone de Michel-Ange ou le Retable de l’Adoration de l’Agneau mystique de Jan Van Eyck.

Article rédigé par franceinfo, Isaure Hiace
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une mine de sel Ă  Turda, en Roumanie (photo d'illustration). (NAGY MELINDA / ROBERT HARDING HERITAGE)

C’est une histoire mĂ©connue qu’on dĂ©couvre en visitant la mine d’Altaussee, dans l’ouest de l’Autriche, et ses tortueux tunnels. Durant la guerre, les nazis volĂšrent de nombreuses Ɠuvres d’art dans les pays qu’ils occupaient, des Ɠuvres qu’ils vont cacher ici Ă  Altaussee Ă  partir de 1943, pour les mettre Ă  l’abri des bombardements alliĂ©s.

La mine a ainsi abritĂ© plus de 6 500 Ɠuvres d’art dont des chefs d'Ɠuvre absolus : une Madone de Michel-Ange, le retable de Gand des frĂšres van Eyck, des tableaux de Vermeer, Rubens ou encore Rembrandt. Autant de trĂ©sors qui auraient pu ĂȘtre dĂ©truits. Car en avril 1945, voyant la dĂ©faite arriver, le responsable nazi local menace de faire exploser la mine et ses prĂ©cieuses oeuvres d’art. Il fait alors introduire huit bombes dissimulĂ©es dans des caisses en bois sur lesquelles on peut lire : "Attention : marbre, ne pas laisser tomber".

Les mineurs sauvent les oeuvres en condamnant l'accĂšs Ă  la mine

Les mineurs ne sont pas dupes : une dizaine d’entre eux dĂ©cide alors d’agir, explique Harald Pernkopf, qui fait office de guide dans la mine d’Altaussee : "Dans la nuit du 4 au 5 mai, les mineurs ont sorti les bombes et les ont cachĂ©es dehors en les recouvrant de branchages, indique-t-elle. C'Ă©tait vraiment une course contre la montre car ils ne savaient pas ce qui allait se passer ensuite, si le commando chargĂ© de la dĂ©molition Ă©tait dĂ©jĂ  en route ou non."

Harald prĂ©cise : "AprĂšs cela, ils ont commencĂ© les travaux destinĂ©s Ă  faire sauter les accĂšs aux entrepĂŽts Ă  l'intĂ©rieur de la mine, pour faire disparaĂźtre l’accĂšs aux Ɠuvres. Au matin du 5 mai, c’était chose faite et le 8 mai, la guerre Ă©tant finie, les AmĂ©ricains sont arrivĂ©s et ont tout sĂ©curisĂ©."

Le rĂŽle des mineurs est ambivalent

Cette histoire a en partie inspirĂ© le film de George Clooney, Monuments Men, mais dans celui-ci le rĂŽle des mineurs n’est qu’à peine Ă©voquĂ©. Ces mineurs Ă©taient assez Ă©loignĂ©s des hĂ©ros hollywoodiens : certains Ă©taient membres du parti nazi et la motivation de la plupart d’entre eux Ă©tait certes de sauver les oeuvres mais aussi la mine qui les faisait vivre depuis des gĂ©nĂ©rations.

Ambivalents, ils n’en restent pas moins des hĂ©ros aux yeux de Kasten, l’un des visiteurs : "Il est difficile de se figurer le risque qu’ils ont pris, explique-t-il. Je suis content de ne pas avoir eu Ă  vivre ça. J'y penserai certainement lorsque je retournerai Ă  Gand voir le Retable. Le fait d'avoir Ă©tĂ© ici rend cette histoire vivante car j'ai Ă©tĂ© sur les lieux oĂč ces Ɠuvres ont Ă©tĂ© cachĂ©es." Avant de glisser : "Lors de votre prochaine visite au Louvre, arrĂȘtez-vous longuement devant L’Astronome de Vermeer car ce chef d'Ɠuvre aurait pu, lui aussi, disparaĂźtre dans la mine d’Altaussee."

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