En Australie, une prescription médicale pour vapoter mais les cigarettes en vente libre
Pour lutter contre le tabagisme notamment chez les jeunes, le gouvernement australien veut imposer d’ici quelques mois une prescription médicale pour acheter de la nicotine liquide. Mais les cigarettes restent en vente libre, suscitant l'incompréhension de certains spécialistes.
Actuellement, la vente de nicotine liquide est formellement interdite en Australie. En revanche, bizarrement, il est permis d’en importer depuis l’étranger. C'est ce que font quasiment tous les vapoteurs, à l'image de Pete : "J’importe ma nicotine de Nouvelle-Zélande. J’en achète assez pour une année entière. Et quand j’achète mes liquides, je les mélange avec ma nicotine."
S'il faut à terme aller chez le médecin avant de passer commande sur Internet, cela va pas mal compliquer les choses pour les 500 000 vapoteurs australiens. Mais le ministère de la Santé explique que c’est avant tout pour protéger les jeunes, auprès de qui la cigarette électronique rencontre un certain succès. Et le gouvernement ajoute que la cigarette électronique serait une passerelle vers la cigarette classique.
Sauf que c'est complètement faux, d'après le docteur Joe Kosterich, qui dirige une association qui aide les fumeurs à arrêter : "En Grande-Bretagne, où le vapotage est non seulement légal mais aussi encouragé, on n'a pas relevé d’augmentation du nombre de fumeurs chez les jeunes."
Cet argument de la 'passerelle' ne se vérifie pas dans le monde réel.
Dr Joe Kosterichà franceinfo
Ce qui est vrai en revanche, c’est que le nombre de jeunes vapoteurs a doublé en Australie entre 2016 et 2019, et cela inquiète beaucoup les autorités. D’autant qu'en matière de lutte antitabac, l’Australie fait figure d’exemple. Seulement 13% de la population fume : c’est deux fois moins qu'en France. C'est le premier pays à avoir instauré le paquet neutre, et les cigarettes coûtent très cher, entre 20 et 25 euros le paquet.
Une mesure contre-productive ?
Les cigarettes vont rester en vente libre, mais pas la nicotine liquide, qui est pourtant moins nocive. Le Dr Kosterich ne comprend pas : "Le gouvernement britannique a démontré que vapoter est 95% moins nocif que de fumer. Donc mettre des barrières devant des gens qui veulent arrêter de fumer grâce au vapotage, ça n'a aucun sens. Au contraire, cela pourrait pousser certaines personnes à se remettre à fumer !"
C'est tout le risque de cette mesure qui part d’une bonne intention : elle pourrait en fait produire l'effet inverse que celui désiré.
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