En Albanie, la Vjosa devient le premier fleuve à obtenir le statut de "parc national" en Europe
C’est une première dans le domaine de la préservation de la nature en Europe, et elle vient du sud de l’Albanie : après plus de dix ans d’une campagne intense menée par les associations écologistes, la Vjosa vient officiellement d’être déclarée parc national. Mercredi 15 mars dernier, le gouvernement albanais et la marque de vêtements de sport Patagonia ont signé un accord afin de préserver l’ensemble de ce fleuve qui coule sans obstacles dans le sud du pays, mais aussi plusieurs de ses affluents.
Le parc englobe plus de 400 km de rivières et près de 13 000 hectares qui sont désormais protégés au titre de la catégorie II de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il faut savoir que les paysages et la biodiversité exceptionnels de la Vjosa étaient menacés depuis plusieurs années par une quarantaine de projets de centrales hydro-électriques.
Selon Ulrich Eichelman, directeur de l’ONG Riverwatch, en gardant intacte la dynamique fluviale de la Vjosa, ce parc inédit pourrait influer sur la protection d’autres rivières ailleurs en Europe : "Quelque chose comme ça n'a jamais été fait auparavant, jamais créé auparavant : nous ne protégeons pas seulement une rivière ou un tronçon de rivière, nous protégeons l’ensemble d’un système fluvial, se réjouit-il. La Vjosa, le fleuve principal, mais aussi les affluents, et même les affluents des affluents ! Et je pense que c'est un tout nouveau concept qui devrait devenir un modèle pour l'Europe."
Un projet largement soutenu par les communautés locales
Depuis des années, les habitants de la vallée de la Vjosa s’opposaient au projet de barrages. Ils ont manifesté, demandé l’aide des scientifiques et intenté des actions en justice. Aujourd’hui, alors que l’Albanie est devenue une destination touristique à la mode, beaucoup espèrent améliorer leur quotidien grâce à ce statut de parc national et au tourisme durable. Irma Tako est responsable d’une agence de rafting dans la ville de Përmet : "Au début, on pensait qu’on allait se développer en construisant des centrales hydro-électriques, mais avec le temps, la plupart des gens ont compris que ce n’était pas le cas, et que notre futur se ferait en respectant et en protégeant la nature, pas en la transformant."
Si la proclamation de ce "parc national de la rivière sauvage" est déjà une victoire, de nombreux défis attendent ses concepteurs. Et en premier lieu, le projet d’aéroport international que le gouvernement albanais fait construire dans le delta de la Vjosa, refuge de milliers d'oiseaux migrateurs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.