L’Albanie, un pays sans énergie fossile qui produit de l'énergie 100% renouvelable à base hydrique
"Micro européen" est aujourd'hui consacré à l'Albanie. José-Manuel Lamarque reçoit Mirela Kumbaro, ministre du Tourisme et de l'Environnement en Albanie.
Avec ses sites encore préservés, l'Albanie séduit les amateurs de nature et les voyageurs curieux de découvertes. Depuis quatre ans, environnement et tourisme sont devenus des priorités stratégiques.
franceinfo : En Albanie, vous avez uni tourisme et environnement et souvent, c'est antinomique, parce qu'on dit que le tourisme est la première pollution au monde ?
Mirela Kumbaro : Effectivement, il y a deux façons d'affronter la question. Si on considère que ce sont deux secteurs hostiles, ils vont rester hostiles pour la vie. Mais si on essaie de les mettre ensemble, de les réconcilier dans le sens de les contrôler, c'est possible. Et c'est ce que le gouvernement albanais a décidé de faire il y a quatre ans. L'environnement étant une priorité absolue, mais le tourisme étant une autre priorité, très importante, stratégique également.
C'est une destination à découvrir absolument, un pays des Balkans avec 2,8 millions d'habitants, qui se trouve en face de l'Italie, au nord de la Grèce, au sud du Monténégro. Pour situer un peu le pays des aigles – c'est la traduction littérale du mot Albanie et c'est aussi notre symbole de l'aigle bicéphale sur notre drapeau rouge – c'est un pays qui se trouve au bord de deux mers, la mer Adriatique et la mer Ionienne. Un pays entre mers et montagnes, rivières et forêts.
C'est un pays qui ne produit pas d'énergie fossile, zéro énergie fossile, c'est 100% renouvelable basé surtout sur les centrales hydroélectriques, mais de plus en plus maintenant le photovoltaïque,et avec des aires protégées très importantes, des parcs nationaux notamment, et des parcs naturels. Et c'est en Albanie que se trouve également la dernière rivière sauvage de l'Europe. Et l'environnement, c'est surtout un grand projet d'émancipation de la société. C'est l'émancipation, c'est l'éducation, le socle de la protection de l'environnement.
Vous avez deux grands voisins, la Grèce, l'Italie à travers l'histoire. Comment avez-vous vécu avec ces voisins ?
Ce sont des voisins très, très importants pour nous. L'Italie, c'est une relation historique, une relation culturelle avec des hauts et des bas. Mais c'est une sorte de grand frère, on partage le même soleil et le même plaisir de vie. Et puis, après l'Italie, c'est en Albanie que l’on boit le meilleur café.
Et la Grèce, alors ?
La plus grande diaspora albanaise des années 90 se trouve en Grèce. Ce sont nos voisins du Sud. On a beaucoup de relations, on a aussi des minorités grecques qui vivent en Albanie. C'est vraiment un bras vers l'Italie, l'autre vers la Grèce, et qui ont une importance particulière pour nous. On ne se sent jamais en compétition, ni avec l'un, ni avec l'autre. On est complémentaire.
Comme beaucoup de pays des Balkans ou d'Europe de l'Est, vous étiez le pays qui était impénétrable. Ça fait 30 ans maintenant. Comment, en 30 ans, êtes-vous arrivé à rejoindre vos voisins ?
30 ans, ce n'est rien dans la vie et l'histoire d'un pays. 30 ans, c'est trop court. L'Albanie était complètement isolée. Le seul pays qui ressemblerait en quelque sorte à ce qu'était l'Albanie, sous la dictature d'Enver Hodja, c'est la Corée du Nord. En 30 ans, on est passé par la phase de la transition, on est en plein développement, on est membre de l'OTAN, membre de l'OSCE, membre du Conseil de l'Europe, et on vient d'ouvrir les négociations avec l'Union européenne.
Le rêve des Albanais lorsqu'ils ont fait tomber la dictature, le slogan c'était : on veut que l'Albanie soit comme toute l'Europe. Au bout de 30 ans, nous disons la même chose, l'Europe c'est presque une religion pour nous. Et donc on y croit fortement.
La crise énergétique qui pointe son nez, comment la vit-on en Albanie ?
On la vit de façon un peu partagée, comme dans tous les autres pays d'Europe. Sauf que l'Albanie l'a en quelque sorte prévue tout de suite après la période Covid, en se préparant pour un budget qui protège quand même tous les foyers familiaux, De temps en temps, on est obligé d'acheter sur le marché international à un prix 10 fois plus élevé qu'il y a un an. Alors les foyers ne le ressentent pas. Le prix n'a pas changé pour les foyers familiaux, ni pour les entreprises de petite taille. C'est le budget d'Etat qui couvre la différence.
C'est un pays qui produit de l'énergie 100% renouvelable à base hydrique. Ça ne nous rend pas dépendants, ni du gaz, ni de l'énergie fossile. On encourage de plus en plus les investissements pour l'énergie solaire et l'énergie du vent.
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