Au Soudan, les manifestants restent mobilisés malgré le ramadan
A Khartoum, la capitale, la mobilisation se poursuit devant le siège de l’armée.
Un mois après l’occupation de la place Al-Qyada et la chute de l’ex-président Omar el-Béchir, le sit-in continue, comme les négociations sur l’organisation de la transition politique dans le pays. Les manifestants entendent maintenir la pression pour obtenir le transfert du pouvoir à un gouvernement civil, alors que le ramadan a commencé le lundi 6 mai.
Une épreuve pour la poursuite du mouvement
Dans ce pays où plus de 90% de la population est musulmane, ce premier jour de jeûne était une épreuve pour les manifestants. La place Al-Qyada, bastion de la révolution, est habituellement très animée. Les révolutionnaires soudanais y défilent, scandent des slogans et débattent sur les très nombreuses scènes qui jalonnent ce sit-in, mais le premier jour du mois de ramadan était bien plus calme que d'habitude.
La majorité des contestataires ne consomme donc ni eau, ni nourriture sous un soleil brûlant, une température qui atteint les 45°C. C’est une épreuve pour la poursuite du mouvement, et pour ceux qui occupent cette place nuit et jour depuis le 6 avril. Les organisateurs du sit-in ont donc réuni des fonds pour équiper les tentes en climatiseur.
"C'est dur. Avec ces températures les gens pourraient partir. Mais grâce à ces climatiseurs, le nombre d'occupants va même augmenter" espère Souleyman Jaber Pacha, 56 ans, qui dort sur la place depuis un mois. Peu après 18 heures, au moment de l’iftar, le repas de rupture du jeûne, une foule immense était de nouveau présente.
Les occupants de la place restent vigilants
"Je suis venu avec toute ma famille aujourd'hui, explique Sami Talab, déterminé à poursuivre la mobilisation. Le conseil militaire attend ce moment pour que le sit-in s'arrête. Ils pensent qu'il fait trop chaud, que c'est le mois de ramadan, et c'est pour cela qu'ils prennent autant de temps pour négocier. Mais nous sommes présents."
Les manifestants sont inquiets de ce qu’il adviendra de leur révolution, qui a mis fin à 30 ans de régime autoritaire de l’ex-président Omar el-Béchir. Le calendrier des négociations, qui portent sur la répartition des pouvoirs entre l’armée et le futur gouvernement civil de transition, a été rallongé. Le conseil militaire de transition dispose maintenant de près de deux mois pour transférer le pouvoir en dépit des réclamations des manifestants qui veulent écarter au plus vite les militaires des commandes de l’État.
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