Au Mexique, le grand chantier du "Train maya" déraille et fait toujours polémique
Ce gigantesque projet de quelque 1500 km de long fait craindre le pire aux militants écologistes.
C'est le grand chantier du président mexicain Andrés Manuel López Obrador. Le "Train maya" est, comme son nom l'indique, un train touristique de 1500 kilomètres, qui est en cours de construction dans le sud-est du Mexique. Il devrait commencer à circuler en 2024 mais le gouvernement vient d’essuyer un revers important : la justice a suspendu le chantier de construction sous l’impulsion d’un groupe d’écologistes qui dénoncent l’impact dévastateur de ce projet.
Au cœur de ce projet considéré comme prioritaire par le gouvernement, le tronçon le plus important du "Train maya" : celui qui relie les stations balnéaires de Playa del Carmen et Tulum, dans l’État du Quintana Roo. Le train parcourra, comme son nom l’indique la région maya, c’est-à-dire la péninsule du Yucatán et une partie de l’état du Chiapas.
El @TrenMayaMX hará justicia al sureste. Para quien aún no conoce el proyecto: son 1,554 km de ruta, pasará por 5 estados, tendrá 34 escalas y lo construyen 5 consorcios y la @SEDENAmx. Y sí, será inaugurado en diciembre de 2023 porque vamos a cumplirle al pueblo. #SúbeteAlTren pic.twitter.com/8XtG1v399j
— JAVIER MAY (@TabascoJavier) June 4, 2022
Il est pourtant aujourd'hui paralysé. Depuis sa planification, il s’est en effet attiré les foudres des écologistes car le chantier implique de tailler dans des milliers d’hectares de forêt tropicale. Craignant de voir son grand projet menacé, le président a émis il y a quelques mois un décret qui classe cette construction comme un projet de sécurité nationale, ce qui lui permet de contourner quelques obstacles légaux.
Quel impact environnemental ?
Mais la justice ne voit pas les choses du même œil : elle a donné raison à un groupe d’écologistes et de plongeurs qui ont demandé à pouvoir étudier le rapport d’impact environnemental que le gouvernement était censé avoir élaboré avant la construction de la voie ferrée entre Playa del Carmen et Tulum. Or, surprise, ce rapport n’existait pas. Les autorités estimaient jusqu'à présent que le décret présidentiel les dispensait de cette étape indispensable à la planification de tout chantier d’infrastructures.
"Le scandale a éclaté. Non seulement la loi était violée, mais en plus le tracé du Train Maya allait affecter des sites naturels importants et vulnérables d’un point de vue écologique, historique et archéologique", dénonce Arturo Bayona, biologiste, plongeur et spécialiste des écosystèmes de la région.
Como los más modernos del mundo, el Tren Maya estará en línea con los estándares internacionales más altos en seguridad ferroviaria. #SúbeteAlTren pic.twitter.com/VjwEYmQNhl
— Tren Maya (@TrenMayaMX) June 11, 2022
Le terrain sur lequel est construite la voie ferrée est particulièrement fragile car le sous-sol de la toute la péninsule du Yucatán est parcouru par un immense réseau aquifère qui comprend des cavernes immergées, parmi les plus longues du monde, et des milliers de cénotes, des bassins naturels et des grottes qui sont un joyau naturel de la région. Et c'est la plus grande crainte des militants aujourd'hui : les vibrations causées par le transport pourraient provoquer des effondrements de terrain et la destruction de certains cénotes.
Il existe également un grave problème de pollution du système aquifère : la région de Cancún, Playa del Carmen et Tulum attire plus de 16 millions de touristes chaque année. Il n’y a pas de système de drainage efficace des eaux usées et pourtant les grands projets d’urbanisation gagnent encore du terrain, comme l’évoque Arturo Bayona : "À Tulum, la destruction est en marche avec l’approbation du plan opérationnel qui implique de nouvelles constructions. Et donc des ravages beaucoup plus importants que ceux engendrés par le Train Maya… Et on n'en parle pas assez."
En attendant, la construction du train est donc paralysée entre Playa del Carmen et Tulum, jusqu’à ce que le gouvernement présente un rapport qui garantisse la préservation des écosystèmes, déjà mis à mal par le tourisme de masse.
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