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Au Liban, le coronavirus fait planer l'inquiétude autour des séries télé du ramadan

Chaque année, des millions de personnes ont l'habitude de se retrouver devant leur télévision, après la rupture du jeûne, durant le mois du ramadan. Mais à cause du coronavirus, la production de ces séries spécifiques est bouleversée. 

Article rédigé par franceinfo, Aurélien Colly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des acteurs de la série "Black Crows", en tournage au Liban, le 30 mars 2016. En 2020, le coronavirus met à mal la production des séries prévues pour le Ramadan.  (AFP / MBC GROUP)

Les séries télé du ramadan dans le monde arabe sont une tradition, voire une institution. C’est l’événement télé de l’année que l'on pourrait comparer à une finale de Superbowl aux États-Unis, ou à une soirée Eurovision en Europe. Sauf qu'ici, cela dure un mois. Tous les jours, après la rupture du jeûne et jusque tard dans la nuit, environ 200 millions de téléspectateurs arabes sont devant leur poste pour regarder des séries réalisées exclusivement pour ce mois saint.

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Elles ont même un nom, les Mosalsalat. Ce sont des drames sentimentaux, des comédies familiales, mais aussi des sagas historiques. C’est le rendez-vous à ne pas manquer pour les acteurs, les producteurs et les chaînes de télévisions arabes, qui investissent des millions de dollars pour conquérir les téléspectateurs.

Il faut dire que pendant 30 jours, 90 % de la population du monde arabe va passer plusieurs heures devant son écran, en famille, pour suivre ces Mosalsalat. Les audiences sont telles que le prix des publicités s’envole, jusqu’à 160 % d’augmentation. Une mine d’or indispensable pour l’industrie télévisuelle arabe qui fait vivre des centaines de milliers de personnes.

Le coronavirus, invité surprise du ramadan 2020

Un acteur de poids a changé tout le scénario de ce ramadan 2020 pour les producteurs et les chaînes de télévision, c'est le coronavirus. Pour enrayer la propagation du Covid-19, les États de la région ont pris des mesures drastiques depuis plusieurs semaines, qui empêchent tout simplement de lancer ou de terminer les tournages de ces séries qui doivent être prêtes pour le début du ramadan.

Au Liban, en Syrie et au Koweït, les tournages sont arrêtés. En Égypte, l’un des principaux pourvoyeurs de séries télé, 80 % des productions ont cessé. Il n’y a guère qu’aux Émirats arabes unis où les productions continuent, mais à une allure considérablement ralentie et dans des conditions surréalistes : des acteurs en masques et en gants dès qu’ils ne sont pas devant les caméras, des équipes de tournages réduites au minimum, des désinfections répétées des plateaux.

Le paradoxe, c’est qu’avec le confinement, jamais le public n’a été aussi demandeur de télévision, mais qu’à cause du même confinement, l’offre, elle, risque bien de ne pas suivre.
 

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