Au Brésil, un carnaval de Rio très politique a réveillé les oppositions au président Bolsonaro
Un carnaval très engagé s'est terminé mardi à Rio de Janeiro, marqué par la contestation après l'élection du président d'extrême droite, Jair Bolsonaro.
Lors du carnaval de Rio qui s'est achevé le 5 mars, la victoire à la présidentielle de Jair Bolsonaro en octobre 2018 a réveillé la rébellion de tous ceux qui sont touchés par sa politique : les minorités et beaucoup de jeunes gens.
De la satire politique dans certains quartiers
Les blocos, les cortèges de carnaval défilant dans les quartiers plus riches, électeurs de Jair Bolsonaro, sont nettement moins politiques et on a vu peu de critiques. Mais dans le reste de la ville, les déguisements ont souvent fait allusion à la politique et aux discours du président d'extrême droite. Il y a eu beaucoup de déguisements en communiste par exemple, puisque Jair Bolsonaro a promis de les exiler ou de les emprisonner. On a vu aussi un cortège entier de musiciens déguisés en religieuses, en bleu et rose, car la ministre de la Femme et des droits de l’Homme du gouvernement Bolsonaro, une fondamentaliste évangélique, a assuré que les garçons devaient s’habiller en bleu et les filles en rose. Et ont été remarqués des slogans scandés quand la musique s’arrête, ce qu’on n’entendait pas d’habitude au carnaval. Ici, un slogan pour conspuer Bolsonaro, là des cris réclamant la liberté pour Lula, l'ex-président en prison pour corruption, et que la gauche considère comme innocent.
La tonalité a même gagné les écoles de samba
Le défilé de douze écoles de samba, retransmis sur la principale chaîne de télévision du pays, est bien différent des blocos de carnaval envahissant les rues. Mais là encore, on n'avait jamais vu autant de thèmes politiques choisis dans les sambas, les costumes et les décors. Cette année, l’école de Mangueira, une des plus populaires de Rio, a montré la face cachée de l'histoire brésilienne, les héros méconnus, toujours absents des livres scolaires, comme Dandara, guerrière noire qui a lutté contre l’esclavage. Un hommage a aussi été rendu à Marielle Franco, conseillère municipale de Rio et activiste noire, assassinée il y a près d'un an. Ses présumés meurtriers appartiennent à un groupe criminel, la milice, un temps soutenu par la famille du président. Récemment, sa mémoire a été attaquée par des députés du parti de Jair Bolsonaro. Dans ce contexte le choix de Mangueira pour Marielle est une réponse bien comprise par tous. Mangueira n’a pas été la seule école de samba à aller dans ce sens.
Une autre école, Paraíso do Tuiuti, a fait tout son défilé avec des références à l’ancien président Lula en reprenant la trajectoire d’un politique local de l’histoire brésilienne. L’école Portela a rendu hommage à la chanteuse Clara Nunes, pour sa défense des religions afro-brésiliennes, aujourd'hui attaquées par les alliés religieux du président.
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