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Au Brésil, l'État veut autoriser l’exploitation des ressources naturelles en territoires indigènes au prétexte de la guerre en Ukraine

Un nouveau projet de loi visant à autoriser l’exploitation des minerais, gaz, pétrole sur les territoires indigènes jusqu’ici préservés. Les défenseurs de l’environnement sont inquiets.

Article rédigé par franceinfo - Anne Vigna, édité par Ariane Schwab
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La quête de l'or, une obsession du président brésilien, Jair Bolsonaro. Un orpailleur illégal présente ici une pépite découverte dans le bassin amazonien. (CARL DE SOUZA / AFP)

Le gouvernement brésilien a trouvé une excuse pour justifier qu’un projet de loi autorisant l’exploitation des ressources naturelles des territoires indigènes soit voté en urgence : en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions internationales contre le Kremlin qui en découlent, le Brésil doit pallier au plus vite à la pénurie d’engrais russes. Une - fausse - excuse qui menace des terres jusqu’ici préservées. Mais le projet de loi sera voté dans un mois.

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Il est vrai que le Brésil aura besoin dans les prochains mois d’engrais, mais cette loi n’aidera pas à les produire si vite et surtout pas depuis l’Amazonie car l’essentiel des réserves de potassium, indispensable pour les engrais, sont plutôt dans le sud du pays, ce que Jair Bolsonaro ne dit pas mais que les experts savent. La manœuvre a pourtant fonctionné pour faire avancer cette loi, ce qui énerve particulièrement Romulo Batista, porte-parole de la campagne Amazonie chez Greenpeace.   

"La plupart des réserves de potassium ne sont pas en Amazonie. C’est une excuse bidon du gouvernement qui veut en réalité légaliser l’orpaillage qui infeste les terres indigènes."

Romulo Batista, porte-parole de la campagne Amazonie chez Greenpeace

à franceinfo

L’orpaillage, la ruée vers l’or qui a des conséquences sur les terres et pollue l'eau et le sous-sol, est une obsession du président Bolsonaro qui l’a pratiqué dans sa jeunesse et qui la défend toujours. Du coup, l’activité s’est beaucoup développée au Brésil, en particulier ces dernières années, au point d’être à l’origine aujourd’hui de la moitié de l’or exporté depuis le Brésil, selon Larissa Rodrigues, spécialiste de cette question auprès de l’Institut Escolhas. "L’orpaillage est traité comme s'il s'agissait d'une exploitation minière artisanale à petite échelle, ce qui n'est pas la réalité au Brésil. La superficie de l’orpaillage au Brésil, en termes d'hectares, est supérieure à celle utilisée par l'exploitation minière industrielle."

"L’orpaillage est une activité très bien organisée. Ils raffinent l’or, ils ont des sociétés d'exportation, des sociétés d'aviation, c’est toute une organisation industrielle."

Larissa Rodrigues, de l’Institut Escolhas

à franceinfo

Selon les ONG brésiliennes, l’Europe aurait un rôle très important à jouer puisqu’il existe un règlement approuvé en 2017 par le Parlement européen qui exige de prouver la provenance des minerais dans des pays où les mines posent des problèmes d’écologie ou de droits humains. Les ONG brésiliennes voudraient donc que le Brésil soit inclus dans cette liste. "Nous avons une demande que le Brésil soit inclus dans cette liste, car cela obligerait au moins les importateurs de l'Union européenne à surveiller leurs fournisseurs d'or", réclame Larissa Rodrigues.

L’élection présidentielle en octobre prochain sera déterminante pour l’Amazonie : car Lula, qui est pour l’instant favori, s’oppose à l’exploitation minière en territoires indigènes et pourrait revenir sur cette mesure. 

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