Agressions sexuelles, sévices physiques... Les Canadiens découvrent les affaires de bizutage dans le hockey, coté sombre du sport national
Les révélations faites par d'anciens joueurs de hockey sur glace ont secoué les Canadiens, fans inconditionnels de ce sport. Une affaire de bizutage, actuellement traitée par la justice, est devenue une polémique nationale : une quarantaine d'équipes sont visées, pour des faits qui durent depuis une cinquantaine d'années.
Tout est parti il y a quelques jours de détails de bizutage, confiés par deux anciens joueurs devant une cour de justice. Ils évoquent des rencontres où plusieurs coéquipiers se font humilier : des objets dans l’anus ou encore se faire arroser d’urine. Des témoignages horribles, a réagi Isabelle Charest, ministre québécoise responsable des Sports. Cette ex-médaillée olympique de patin de vitesse exige que la culture du hockey change.
Pendant bien longtemps, les dirigeants des clubs ont couvert ce genre d’initiation, persuadés que cela favorisait un esprit d’équipe fort. De leur côté, les joueurs n’osent pas parler : eux, qui ont tout misé sur le hockey, ne veulent pas courir le risque de ne pas être choisi par une équipe professionnelle s’ils dénoncent de tels agissements.
De lourds secrets révélés au public
Le public sait depuis longtemps que leur sport national cache de lourds secrets. Mais jamais, jusqu’à présent, d’anciens joueurs n’avaient détaillé aussi précisément les séances d’initiations qui se déroulent dans les vestiaires. En commission parlementaire, les députés québécois ont questionné plusieurs dirigeants du hockey junior. Ces derniers affirment ne pas être au courant de telles séances d’humiliation. Ils s’engagent par contre à prendre des mesures pour briser le silence, et à prévenir de tels actes. Des procédures pour permettre aux éventuelles victimes de porter plainte seraient déjà en place.
Le rapport d’un comité indépendant sur le sujet a passé plus d’un an sur le bureau des responsables, sans qu’ils ne le rendent public. Il a fallu qu’un juge ordonne sa publication pour que le Canada prenne la juste mesure de cette culture sportive toxique. Un des députés, partie prenante de la Commission parlementaire, remet en doute d’ailleurs l’indépendance du processus de plainte. Les victimes doivent nécessairement passer par les dirigeants de leur équipe ou ceux de la fédération.
Selon une chercheuse spécialisée sur ces questions, il faut aussi former des témoins éventuels, qui assistent à de telles séances d’humiliation. Des outils appropriés peuvent les aider à prendre la parole pour dénoncer les comportements inacceptables auxquels ils assistent. Bref, il faut tout faire pour mettre fin à la culture du secret.
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