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Manifestations en Turquie : des aspirations fondamentalement européennes

Alors qu'à Istanbul, la fronde contre le gouvernement turc est entrée dans sa troisième semaine, l'Europe dénonce les violences policières,appelle le gouvernement à privilégier le dialogue avec les manifestants et la société civile, et encourage leur aspiration "légitime" à plus de démocratie.
Article rédigé par franceinfo
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 Pour l'eurodéputée verte Hélène Flautre, présidente de la délégation à la commission parlementaire mixte UE-Turquie, cette crise turque milite encore plus pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

La situation
en Turquie inquiète beaucoup les eurodéputés
. Le Parlement
européen a adopté cette semaine une résolution, dans laquelle il exhorte Ankara
à renoncer à la violence, à libérer les manifestants emprisonnés et à ouvrir
des enquêtes pour faire toute la lumière sur les événements. Il demande au
Premier ministre d'adopter une position d'unité et de conciliation. Résolution
immédiatement qualifiée d'inacceptable par Recep Tayyip Erdogan et le chef de
la diplomatie turque Ahmet Davutoglu, pour qui la Turquie est une
"démocratie de première
classe et n'a de leçon à recevoir de personne
".

**Privilégier le dialogue plutôt que la confrontation

**

Dans sa
résolution, le Parlement européen fait part "de sa profonde inquiétude
face au recours disproportionné et excessif à la force par la police turque, en
réponse aux manifestations pacifiques et légitimes
". Il appelle les
autorités turques à enquêter de manière approfondie sur ces violences
policières, à traduire les responsables en justice, à proposer de dédommager
les victimes, et à libérer immédiatement tous les manifestants pacifiques
arrêtés. Il déplore les réactions dures du premier ministre Recep Tayyip
Erdogan, se félicite au contraire
de la réponse modérée du président Abdullah Gül et des excuses aux blessés du
vice-premier ministre Bulent Arinç. Il demande que soit garanti et respecté le
droit de tous les citoyens à la liberté d'expression et exprime sa vive
préoccupation face à la détérioration de la liberté de la presse.

Une presse indépendante,indispensable à une société démocratique

Les actes de
censure et d'auto-censure se multiplient. Les principaux médias turcs ont été
silencieux sur les manifestations et des utilisateurs de Twitter ont été
arrêtés. Le Parlement cite le grand nombre de journalistes en détention ou en
procès* et dénonce notamment les sanctions et amendes infligées par le Conseil
suprême de la radio et de la télévision aux chaînes qui ont couvert les
événements du parc Gezi depuis le début pour
"
atteinte au développement physique, moral et mental des enfants et des
jeunes* ".

La Turquie,
"en tant que candidate à l'adhésion à l'Union, est tenue de respecter et
de promouvoir la démocratie et de renforcer les
droits et libertés démocratiques et humains
" soulignent les députés
européens. Ils demandent au gouvernement de "respecter la pluralité et la
richesse de la société turque
" et de "protéger les modes de vie
laïcs
". Ils "exhortent le premier ministre à adopter
une  position d'unité et de conciliation afin d'éviter toute
aggravation de la situation
".

**Société inclusive

**

La tenue de
manifestations pacifiques et légitimes atteste du dynamisme de
la société civile turque, mais le pays doit davantage améliorer ses
institutions démocratiques, l'état de droit et le respect des libertés
fondamentales, affirme le Parlement européen. Pour lui le mécontentement
s'explique en grande partie par l'absence de représentation des voix minoritaires
et la règlementation du mode de vie. Il souligne que "dans une société
inclusive et une démocratie pluraliste, il incombe à la majorité d'inclure
l'opposition et la société civile dans le processus décisionnel
".

**Aspirations fondamentalement européennes

**

"C'est en cela
que les manifestants de la place Gezi expriment des aspirations
fondamentalement européennes"
, souligne Hélène Flautre, députée européenne du
groupe des Verts/Alliance libre européenne. La présidente de la délégation à la
commission parlementaire mixte UE-Turquie appelle l'Europe à les soutenir et
à accélérer les négociations
d'adhésion, ouvertes
en 2005, mais qui patinent, en raison de l'hostilité de pays européens
comme la France et l'Allemagne. Elle souligne l'importance d'ouvrir les chapitres 23 et 24 sur le
système judiciaire et les droits fondamentaux, et regrette de n'avoir pas réussi à faire voter
ce point dans la résolution du Parlement européen.

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