Le camp du Struthof en France : des esclaves du IIIe Reich
Ce qui frappe, c'est le contraste entre la beauté des lieux et l'horreur des crimes perpétrés ici. Installé en 1941 dans les Vosges alsaciennes, à 800 mètres d'altitude, sur les flancs escarpés du Mont-Louise, jadis station d'hiver appréciée notamment des Strasbourgeois, le camp de Natzweiler-Struthof a été l'un des plus meurtriers du système concentrationnaire nazi.
22 000 personnes y ont perdu la vie, soit 40% des déportés pour la plupart des résistants, des politiques, les triangles rouges et les opposants au national-socialisme tombés dans la nasse de l'opération Nacht und Nebel, nuit et brouillard. Essentiellement des Polonais, suivis des Soviétiques et des Français (dont un quart d'Alsaciens-Mosellans), mais aussi des Norvégiens, des Luxembourgeois, des Grecs, des Slovènes, comme l'écrivain Boris Pahor, auteur de Pèlerin parmi les ombres , l'un des derniers rescapés encore en vie. Il est âgé aujourd'hui de 101 ans et vit à Trieste."J'étais pratiquement fâché avec les arbres en dehors du camp, dit-il à Olivier Vogel, parce que voilà, ils montent au soleil, comme ça, ils vivent non ? Tandis que le corps humain, il brûle, dans le four.. ."
Le Struthof n'était pas un camp d'extermination de juifs. Les déportés y mouraient d'épuisement par le travail, dans les carrières de granit pour satisfaire les besoins architecturaux du IIIème Reich, dans les usines d'armements installés dans des tunnels:des forçats au profit de l'industrie de guerre nazie: Daimler Benz, BMW, Siemens, Messerschmitt. Pétris de faim et de froid, frappés par les kapos, mordus par les chiens, 3000 déportés sont morts au camp principal, avant d'être brûlés dans le four crématoire; 17 000 ont perdu la vie dans les 70 camps annexes, répartis des deux côtés du Rhin; le dernier n'a été fermé qu'en avril 45.
Notamment les 86 victimes juives des expérimentations du professeur Hirt, qui voulait constituer une collection de squelettes dans la perspective de l'extinction complète de la race : "Ce n'était pas un fou; il était l'un des meilleurs médecins au monde ", rappelle Georges Yoram Federmann, président du Cercle Menachem Taffel, du nom de la première victime juive identifiée.
C'est pour elles que la chambre à gaz a été aménagée, dans une ancienne salle de bal, en contrebas du camp central.
4 tsiganes y sont également morts, après des expériences médicales avec le gaz de combat phosgène.
Ce dimanche, François Hollande aura été le premier Président français à se recueillir, avec Martin Schulz, le Président du Parlement européen, dans cette chambre à gaz, pour rendre solidairement hommage aux victimes juives et roms de la médecine nazie.
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