Cet article date de plus de douze ans.

Un nouveau télescope sous le ciel de Namibie

Un nouvel instrument international observe l'Univers depuis la Namibie, en Afrique australe. Ce télescope géant est conçu pour étudier les phénomènes les plus violents de l'Univers, comme les explosions d'étoiles ou les jets de plasma émis par les trous noirs géants...
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

Le
télescope HESS-II, situé en Namibie, a été mis en service en
juillet 2012. Équipé d'un miroir de 28 mètres de diamètre,
HESS-II est le plus grand télescope gamma jamais construit à ce
jour. Avec ce nouveau géant, l'observatoire international H.E.S.S.,
auquel contribuent le CNRS et le CEA, permettra de découvrir de
nombreuses nouvelles sources cosmiques de haute énergie et de
caractériser les phénomènes les plus violents de l'Univers.

Dans
l'Univers
, les trous noirs supermassifs, les amas de galaxies, les
supernovæ, les étoiles doubles et les pulsars jouent le rôle
d'accélérateurs naturels de particules cosmiques (électrons,
ions...). Ces particules y acquièrent une très grande énergie,
produisant des rayons gamma. Lorsque ces rayons atteignent
l'atmosphère terrestre, ils se détruisent en une gerbe de
particules secondaires, qui émettent un flash très ténu de
lumière bleutée, la lumière Cherenkov. C'est cette lumière que
les télescopes gamma, comme HESS-II, peuvent détecter. 

HESS-II
s'ajoute aux instruments de l'observatoire H.E.S.S., jusque-là
composé de quatre télescopes de 12 mètres de diamètre, en
fonctionnement depuis 2004 et dédiés à l'étude de l'Univers
violent.

Le fonctionnement de HESS-II

La caméra
électronique
du nouveau télescope pourra détecter la lumière
Cherenkov avec un " temps d'exposition " de quelques milliardièmes
de secondes, une rapidité quasiment un million de fois supérieure
à celle d'une caméra normale. D'une masse de trois tonnes, cette
caméra est suspendue à 36 mètres au-dessus du miroir principal du
télescope : pointée à la verticale, cette installation atteint
alors la hauteur d'un immeuble de vingt étages. En dépit de sa
taille et de ses 600 tonnes, HESS-II pourra pivoter deux fois plus
rapidement que les autres télescopes de H.E.S.S., afin de répondre
immédiatement aux alertes de sursauts gamma, ces signaux
d'explosions qui arrivent soudainement de n'importe où dans le
ciel.
La caméra et son système électronique intégré
représentent l'essentiel de la contribution française dont le
maître d'œuvre est l'IN2P3 du CNRS. Le CEA s'est investi dans le
développement d'une puce dédiée, composante clé de
l'électronique. Pour la réalisation de cette électronique, les
laboratoires français se sont appuyés sur l'expertise acquise lors
de la construction des caméras des quatre premiers télescopes,
ainsi que sur un réseau de partenaires industriels.

Plus
d'une centaine de sources cosmiques
de rayons gamma de très haute
énergie ont été recensées à ce jour, dont une majorité grâce
à l'observatoire H.E.S.S. Le télescope HESS-II permettra d'étudier
de façon plus détaillée les processus à l'œuvre dans ces objets
du cosmos (trous noirs supermassifs, supernovae...), et de découvrir
de nouvelles sources - voire des sources de nature encore inconnue -
en détectant les rayons gamma dans une gamme d'énergie plus basse,
jusque-là inexplorée.

HESS-II ouvre également la voie à
la réalisation du CTA (Cherenkov Telescope Array), réseau de
télescopes Cherenkov, défini comme une très haute priorité par
les physiciens des astroparticules et les agences de financement en
Europe. Le CTA permettra, grâce à la mise en réseau de plusieurs
télescopes, d'élargir les gammes d'énergie détectables et
d'affiner la résolution des résultats.

La collaboration
internationale H.E.S.S.

Leader en Europe et dans le monde , la
collaboration H.E.S.S. réunit actuellement 180 chercheurs issus de
28 laboratoires de 12 pays différents, principalement en Allemagne
et en France. La collaboration a obtenu une riche moisson de
résultats scientifiques largement reconnus au niveau international.
Ces résultats ont également été possibles grâce aux moyens
informatiques du Centre de calcul de l'IN2P3 du CNRS. La
collaboration H.E.S.S. a notamment été récompensée en 2006 par
le prix Descartes Recherche et en 2010 par le prix Bruno Rossi,
décernés respectivement par la Commission européenne et par la
Société américaine d'astronomie.

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.