Le ciel du Pôle Nord
Dans leur chronique Du
côté des étoiles , Marie-Odile Monchicourt et Serge Brunier
évoquent souvent le ciel visible depuis les latitudes moyennes ou
tropicales où observent la plupart des astronomes amateurs et
professionnels. Le Pôle sud ? Il n'y a que de très rares bases
scientifiques en Antarctique, et les conditions en pleine nuit –c'est à dire en hiver– sont spatiales, inhumaines : il y
fait -70 °C en moyenne...
Le Pôle nord ? Il est occupé par
l'océan Arctique, qui gèle en hiver. "Pourtant , nous expliquent
Marie-Odile et Serge, il existe un " spot " unique et
étonnant pour observer le ciel, non loin du sommet de la planète
Terre, l'archipel du Svalbard , qui se trouve à 80 degrés de
latitude nord, c'est à dire à environ 1000 kilomètres seulement du
Pôle nord géographique" . Là-haut, il fait nuit pratiquement sans
discontinuer environ huit semaines par an, et la nuit polaire s'étend
sur une vingtaine d'heures pendant des mois.
Serge Brunier vient de
séjourner au Svalbard deux semaines , lors d'un tournage qu'il
effectuait pour une série d'une vingtaine de films que prépare la
société Point du Jour pour Arte . L'équipe allait assister, à la
fin de l'hiver boréal, au tout premier rayon de Soleil sur les
glaciers de l'archipel... "Le plus étonnant, explique Serge,
ce sont ces crépuscules, ou ces aubes, on ne sait plus, qui
s'éternisent, la lumière du couchant et du levant sur les montagnes
enneigées est d'une pureté incroyable, qu'on ne connaît, dans les
Alpes, les Andes ou l'Himalaya, par exemple, que quelques minutes...
Le Svalbard, c'est le paradis des photographes... "Quant aux
astronomes, ils sont confrontés, en plus d'une température nocturne
moyenne de l'ordre de -25 °C, à un ciel qui se comporte
bizarrement, comme l'explique Serge : "Repérer
l'Étoile polaire, ou la Grande Ourse, qui tournent au-dessus de nos
têtes, c'est facile, mais contempler la ronde de la Lune, qui se
déplace pratiquement à l'horizontale, jour et nuit, au dessus de
l'horizon, c'est vraiment très étrange... ".
C'est au Svalbard que se
situe la station astronomique la plus septentrionale de la planète :
au-dessus de la ville de Longyearbyen se trouve l'observatoire Kjell
Henriksen , qui suit l'activité géomagnétique de notre planète et
ses interactions avec le Soleil. En particulier, cet observatoire est
le seul au monde où les aurores boréales peuvent être observées
24 h/24, plus de deux mois durant... Les aurores, se sont ces
draperies lumineuses changeantes qui apparaissent dans le ciel du
nord, et qui sont dues à l'excitation des atomes de la haute
atmosphère terrestre par les particules émises par le Soleil.
Lorsque le vent solaire est particulièrement puissant, le ciel du
Svalbard – mais aussi du Groenland, d'Alaska, d'Islande, de
Sibérie, de Finlande... - s'embrase littéralement.
"En
près de 40 ans d'observation astronomique, je n'avais jamais vu
d'aurores boréales, raconte Serge. Nous avons eu la chance, par une
glaciale après-midi, d'assister à une éruption solaire majeure,
qui a provoqué, pendant près de six heures, une série d'aurores
boréales au dessus de Longyearbyen. Le Svalbard se situe à une
latitude tellement haute que ces aurores étaient visibles... plein
sud ! Pour un astronome, c'est une chance inouïe de contempler
ces draperies phosphorescentes voilant la constellation d'Orion...
Les aurores étaient tellement brillantes, qu'elles se jouaient du
clair de Lune, fantomatiques, elles apparaissaient, disparaissaient,
embrasaient le ciel d'un horizon à l'autre en passant par le zénith,
éclipsant les étoiles, je n'avais jamais rien vu d'aussi beau... ".
Avec l'équipe de tournage d'Arte , Serge Brunier a filmé le phénomène
dans son ensemble, cet épisode polaire de la série Entre
Terre et ciel sera diffusé à l'occasion deLa Nuit des
Étoiles sur Arte au mois d'août 2013, l'ensemble de la série étant
programmée pour 2014.
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