Paris 2024 : Aya Nakamura victime d’une vague de haine sur les réseaux sociaux

La chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde est victime d'insultes racistes depuis que son nom est évoqué pour chanter lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Aya Nakamura lors des 36e Victoires de la Musique, à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt, le 12 février 2021. (BERTRAND GUAY / AFP)

Tout est parti d’une simple rumeur, selon laquelle Aya Nakamura, de son vrai nom Aya Danioko pourrait chanter Édith Piaf à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Rien d’officiel encore, mais suffisant pour réveiller les militants d’extrême droite, jamais vraiment endormis sur les réseaux sociaux. Tandis que dimanche 10 mars, des militants huaient le nom d’Aya Nakamura lors d’un meeting d’Éric Zemmour, un groupuscule au nom très évocateur, "les Natifs", accusait Emmanuel Macron de vouloir "remplacer l’élégance française par la vulgarité et africaniser les chansons populaires". Rien que ça… Et ce tout en diffusant la photo d’une banderole sur laquelle on pouvait lire "Ya pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako". Bamako, la capitale du Mali où elle est née d’une famille de griots, ces poètes musiciens, livres vivants, qui transmettent les traditions orales et qu’on écoute sur les places, dans les cérémonies ou à la radio. 

Des griots qui se moquent bien comme elle des règles d’orthographe, ce qui ne rend pas leurs histoires moins belles, ni ses chansons. Son plus gros tube Djadja sorti en 2018 raconte l’histoire d’une femme qui refuse de laisser un djadja, un menteur, répandre sur elle tout un tas de fausses rumeurs. Djadja qui frôle aujourd’hui un milliard de vues sur YouTube, et qui a, au moment de sa sortie, pris la tête des ventes aux Pays-Bas, une première pour une chanson francophone depuis 1961. La dernière à avoir réussi cet exploit avec sa chanson Je ne regrette rien était d’ailleurs une certaine…Édith Piaf.
 

La chanteuse ne se laisse pas faire

Aya Nakamura n’a d’ailleurs pas tardé à répondre à la banderole des "natifs", sur ses propres réseaux : "Vous pouvez être raciste mais pas sourd... Et c'est ça qui vous fait mal ! Car je deviens un sujet d'état numéro 1. Mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal"

D’ailleurs Aya Nakamura a reçu aussi de nombreux soutiens, du monde de la chanson notamment de Dadju, mais aussi de plusieurs responsables politiques, et même du comité d’organisation des Jeux olympiques. Pas de quoi faire taire bien sûr ceux qui l’ont dans le collimateur. Mais elle en a vu d’autres. Elle en connaît un rayon en matière de stéréotypes dégradants. À ses débuts on lui a même demandé de blanchir sa peau pour soi-disant toucher un public plus large. Sa peau noire ne l’aura pourtant pas empêché de devenir l’une des chanteuses francophones les plus populaires à l’étranger, peut-être même la plus populaire. Comme Édith Piaf en son temps, qui préférait chanter l’amour qui, disait-elle, n’a pas de limite, sinon ce n’est pas de l’amour. L’amour plutôt que la haine dont les "natifs" et autres représentants de l’ultra et de l’extrême droite tentent de ranimer la flamme en lieu et place de celle des jeux olympiques.

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.