Journée internationale de la lenteur : une notion d'une autre époque qui inspire de plus en plus de mouvements

Comme l’explique le biologiste Olivier Hamant auteur du libre "Halte à la performance", les êtres vivants ne sont pas optimaux et ne l’ont jamais été. Alors que le temps semble s'accélerer sans cesse de mouvements s’inspirant de la nature émergent.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La journée internationale de la lenteur a lieu le 21 juin. (WESTEND61 / WESTEND61)

Jeudi 21 juin, c’est le jour de la fête de la musique, mais c’est aussi la journée internationale de la lenteur. Quoi de plus rebelle aujourd’hui que la lenteur dans un monde où tout est éphémère, dans une société du zapping et du scrolling. La lenteur est malheureusement d’une autre époque, celle du moyen-âge. Quand un animal comme l’âne était associé à la sagesse et au travail obstiné, avant de devenir un symbole de paresse, péché hautement capital, symbole de ceux qui n’avancent pas, qui piétinent et font du surplace. Difficile pour la lenteur de trouver sa place justement alors que le temps semble s’accélérer sans cesse, et où l’on érige en vertus cardinales le progrès et son corollaire, l’optimisation.

Optimiser son temps pour ne surtout rien en perdre car en le perdant, on y perd aussi de l’argent. Cette "philosophie" non de l’urgence de vivre, mais de vivre dans l’urgence a d’ailleurs été parfaitement résumée il y a quelques mois par un ancien ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, qui affirmait à propos du transport aérien que "les apôtres de la lenteur méconnaissent le fonctionnement du monde actuel"

Slow life, slow food, slow science

Comme l’explique le biologiste Olivier Hamant auteur du libre Halte à la performance, les êtres vivants ne sont pas optimaux et ne l’ont jamais été. Et de citer l’exemple des plantes qui grandissent en freinant, qui poussent en se rigidifiant. D’ailleurs s’ils restent marginaux, de plus en plus de mouvements s’inspirant de la nature émergent, cultivant la slow attitude. Slow life, slow food, slow science, le concept se décline à l’infini.

Attention néanmoins, car évidemment la lenteur n'a pas que des avantages. Il faut parfois agir sans délai. Comme disait La bruyère déjà au XVIe siècle, lorsqu’il affirmait que le devoir des juges est de rendre la justice pas de la différer. Et là aussi le concept se décline à l’infini, que l’on parle de la justice des tribunaux, ou de justice sociale, fiscale ou climatique. Le Haut Conseil pour le climat dénonçait d’ailleurs justement, jeudi 20 juin, la lenteur des politiques françaises en matière d’adaptation au changement climatique, rappelant à quel point en matière d’émissions de CO2 il était urgent de ralentir.

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