Dans la peau de la punition "au coin", au cœur des débats de spécialistes de la parentalité
Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité.
Le "Time out", temps mort, temps d’arrêt, plus vulgairement connue sous l’expression : "File dans ta chambre", ou sa célèbre variante : "Tu vas au coin". Bref je suis sans doute l'une des plus vieilles punitions au monde. Et j’apprends cette semaine dans Le Figaro qu'après le martinet et la fessée, c’est moi qui risque d’être punie par mes parents.
Le Conseil de l’Europe, encore aujourd'hui, me recommande dans une de ses plaquettes comme un exemple de bonne pratique parentale de punition non violente. "Les enfants réussissent mieux quand leurs parents sont affectueux et encourageants, et quand ils et réagissent à leur mauvaise conduite en leur expliquant pourquoi et en recourant, si nécessaire, à des punitions non violentes, comme une mise à l’écart temporaire", écrit l'institution européenne. Voilà quelle était jusqu'à présent la doctrine officielle. Sauf que de bon élève de la parentalité, on envisage désormais de m’envoyer au piquet, avec un bonnet d’âne sur la tête.
Tous les matins à 7h26 @mdups se glisse “Dans la peau de l’info” ️
— franceinfo (@franceinfo) October 13, 2022
Et ce matin, Marie Dupin file dans sa chambre ! Cette punition pour les enfants est au cœur des débats des spécialistes de la parentalité. pic.twitter.com/6sIIDl7q4w
Jusqu’à présent je n’étais pas la priorité. Il faut dire qu'en France, la fessée n’a été interdite qu'en 2019, Mais en réalité je suis au cœur des débats entre spécialistes de la parentalité. D’un côté, ceux qui dénoncent ce qu'ils appellent les violences éducatives ordinaires. Selon eux, un enfant vivra nécessairement l’isolement comme une humiliation, et en ressortira avec le sentiment d’avoir été méchant, ce qui ne pourrait déboucher que sur du ressentiment.
De l’autre ceux qui, s’appuyant justement sur le Conseil de l’Europe mais aussi sur les recommandations de l’académie américaine de psychiatrie, me présentent au contraire comme une stratégie efficace pour poser des limites.
Va-t-on vers l'interdiction d'envoyer les enfants dans leur chambre ? Ce n'est pas à l'ordre du jour. D’ailleurs, même l'Education nationale permet toujours d’isoler un enfant du groupe pour retrouver le calme dans la classe. Quant au Conseil de l’Europe, après avoir évoqué une révision de sa position dans un futur proche auprès d'une journaliste et d'associations, il tente désormais de rétropédaler, affirmant que je ne fais pas partie de ses priorités. Une façon de ne pas se positionner.
Mais si le débat n’est pas tranché, la question est désormais sur la table : isoler un enfant est-il une forme d’humiliation ? Si la réponse était oui, je pourrais alors être considéré comme une violence psychologique. Et les parents devraient apprendre à se passer de moi, comme ils l’ont fait pour la fessée. Mais pour l’instant je suis toujours d’actualité, alors soyez sage, je vous ai à l’œil !
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.