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Dans la peau de la police judiciaire qui risque de disparaître

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.

Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Rassemblement de la police devant le commissariat d'Ajaccio en soutien à Éric Arella, patron de la police judiciaire de Marseille, démis de ses fonctions le 7 octobre 2022. (FLORENT SELVINI / MAXPPP)

Une police pas comme les autres. J’ai été créée en 1907, enfin, plutôt mes ancêtres : les brigades régionales de police mobile – les mobilards connues aussi sous le nom de "brigades du tigre", en référence à Georges Clémenceau, président du Conseil et ministre de l'Intérieur.

>> La réforme de la police judiciaire est "courageuse, indispensable et difficile", défend Gérald Darmanin

Face à la montée du grand banditisme, il crée ces brigades régionales avec des résultats spectaculaires, comme le démantèlement de la célèbre bande à Bonnot en 1912. Et si, aujourd’hui, je m’appelle "Police judiciaire", mon logo raconte toujours mon histoire : il représente un profil de tigre dans lequel se fond celui de Clémenceau. C'est un logo et une intention jamais démenties : celui d’une police d’élite capable d’agir rapidement et en toute autonomie

Je rassemble environ 4 000 policiers enquêteurs et enquêtrices. Crimes de sang, trafic de stupéfiants d’envergure, proxénétisme, escroqueries complexes ou délinquance financière de haute volée... Et, pour résoudre ces affaires, des enquêteurs ultraspécialisés : des policiers que nous n'avons pas l’habitude de voir, si ce n’est dans les films ou les séries. Ils travaillent dans l’ombre, se déplacent en voiture banalisée et s’habillent en civil. Une police discrète et secrète, ce qui fait sa force. Quand on parle de moi, c’est parce que je fais la Une des journaux. Mais, aujourd’hui, ce qui fait surtout la Une, ce sont les rodéos urbains, les sacs à main arrachés ou le deal dans les halls d’immeuble. Et, ça, ce n’est pas de mon ressort. En tout cas, pas encore.

Vers du Clémenceau 2.0

La réforme en cours prévoit de regrouper mes enquêteurs avec ceux de la sécurité publique qui travaillent dans les commissariats, débordés avec leurs 15 000 policiers n’arrivant plus à traiter l’afflux d’affaires. Mes enquêteurs devront prêter main forte sur ces 1,2 million de plaintes en attente de traitement, quitte à délaisser le reste, l’investigation, le trafic de stupéfiants, les meurtres, l’escroquerie en bande organisée, leurs affaires élucidées à 80% car on leur en donne le temps et les moyens. Mais demain ? Que va-t-il se passer ? "Du Clémenceau 2.0", a promis notre ministre Gérald Darmanin. Je me demande comment tout cela va finir... Et moi qui suis d’habitude si taiseuse, vous n’avez pas fini de m’entendre rugir.

Retrouvez Dans la peau de l'info par Marie Dupin, tous les jours à partir de 7h20.

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