Cet article date de plus de deux ans.

Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir sur WhatsApp, qui a mis nos vies en boucles

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La messagerie instantanée WhatsApp. (FABIAN SOMMER / DPA)

Après la panne mondiale qui l’a paralysée mardi 25 octobre, je suis l’application WhatsApp. Et je suis sûre vous m’avez déjà consulté au moins une fois depuis que vous êtes réveillé… Créée en 2009 par Jan Koum et Brian Acton deux anciens de chez Yahoo (désolée pour les plus jeunes de nos auditeurs). L’un de mes fondateurs, Jan, raconte m’avoir inventée en pensant à ses parents ukrainiens dont les conversations étaient surveillées par les autorités soviétiques. Je ne compte qu’une cinquantaine d’employés, mais j’ai en quelques années conquis 2 milliards de personnes dans 180 pays, plus d’un quart de l’humanité.

Et j’ai largement dépassé ma fonction initiale de messagerie instantané puisque je gère désormais l’envoi de photos, de localisations, d’appels vocaux et peut-être bientôt de vos paiements – mon rêve étant de devenir à l’image de mon modèle chinois WeChat une application qui permettrait de tout faire, communiquer mais aussi acheter, dépenser, le chaînon manquant.

Un paradoxe, car la devise de mon fondateur, pas de publicité, pas de jeux et pas de gadgets, est aujourd'hui remise en cause. Difficile de conserver encore longtemps le principe de messages cryptés, protégés de toute utilisation des données, tout en répondant à une exigence de rentabilité. Une exigence accrue depuis mon rachat par Facebook et Meta en 2014 pour la modique somme de 22 milliards de dollars. Depuis, je suis vertement critiquée, et j’ai même écopé d’une amende record de 225 millions d’euros pour avoir enfreint la réglementation européenne sur la confidentialité des données.

Ce qui ne m'a pas empêchée de profiter à plein de la pandémie grâce aux différents confinements. En France notamment, mon activité a bondi de 40%, avec la multiplication des boucles d’échange… Une boucle pour la famille, normal, mais aussi des boucles d’amis, des sous-boucles de copains, copines, des boucles pour organiser des surprises, et des boucles pour la classe des enfants, nouveau cauchemar des profs, avec la question qui tombe à 21h. "Hello tout le monde… l’un de vos loulous aurait-il pris par hasard le doudou éléphant de notre petite chérie ?" Mais aussi la boucle pour le club de foot, de tennis ou de yoga, "Qui a oublié sa gourde orange avec des fleurs au vestiaire ?" Et les boucles de riverains, "Hello all, il faut relancer la mairie sur l’aménagement de la rue Victor-Hugo, quelqu’un s’en occupe ?"…

Résultat : des centaines de notifications chaque jour, des émoticônes, toujours les mêmes, des blagues qu’on n’a même plus le temps de lire. En quelques années et à la faveur de la pandémie j’ai ainsi remplacé le café à côté de l’école, le bureau du directeur ou de la directrice, les pots dans les open-spaces et même parfois les soirées foot ou le resto du soir… Car avouez-le, à force de communiquer virtuellement toute la journée, vous en oublieriez presque parfois l’importance de vous voir.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.