Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir du Vatican
Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité.
Alors qu'Emmanuel Macron rencontre le pape François, lundi 24 octobre, je suis le Vatican. Comme une ville dans la ville, avec ma superficie de 44 hectares, un cinquième de Monaco, je suis le plus petit pays du monde, à la fois Etat, musée, lieu de culte et usine à fantasmes, avec mes 900 habitants, mes gardes suisses aux costumes d’un autre âge, et mes secrets de moins en moins secrets.
Fondé en 1929 lors des accords du Latran entre Pie XI et Benito Mussolini, mon rôle est donc de soutenir matériellement l’activité spirituelle de l’Eglise. Mes habitants n’ont pas de nationalité, ni pas le sang ni par le sol, mais seulement un statut temporaire de citoyenneté. Et même s’il n’est plus ma langue officielle, je n’ai pas perdu mon latin. Ni mon sens des affaires : propriétaire de tous les immeubles de mon petit territoire, je suis un grand amateur d’opérations immobilières, parfois douteuses. Amateur aussi de bon vin puisque je suis sur le podium, devant la France, des pays où l’on en boit le plus. Un record qui s’explique sans doute non pas pour le vin de messe mais par l’absence de taxe dans mon grand supermarché L’Annona dans lequel il faut pour entrer présenter une carte réservée à quelques milliers de privilégiés.
Je suis également l’une des sept monarchies absolues du monde. La seule de celles-ci à avoir aboli la peine de mort, en 1969, douze ans avant la France. Avec à ma tête mon souverain François, premier pontife argentin dont on pensait qu’il ferait la révolution, à la santé désormais déclinante, et qui aura tenté de me réformer, désertant les riches appartements pontificaux, lavant les pieds des migrants, critiquant le néolibéralisme, fustigeant le nationalisme et exprimant sa honte sur les affaires de pédocriminalité dans l'Eglise. Une parole donnée qui pèse sur l'autel de la diplomatie, peut-être la mieux informée du monde, avec mon siège d'observateur permanent à l'assemblée générale des Nations unies.
Mais comment révolutionner un Etat d'ancien régime à la tête d’une institution vieille de 2 000 ans, qu’un milliard de fidèles continuent d’honorer par la répétition de rites immuables. Pas question de bousculer mes valeur centrales basées sur la tradition. De la modernité oui, mais à la marge. Après tout, l’Eglise doit rester au centre du village.
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