Prix Bayeux : à Gaza comme au Soudan ... le difficile accès à l'information en zone de guerre
La bande de Gaza en est un parfait exemple. Depuis le début du conflit, impossible pour la presse étrangère de mettre un pied sur place. Au-delà des dangers inhérents aux terrains de guerre, l'accès à l'information est ici totalement verrouillé. Impossible d’aller sur les zones de combats, dans les hôpitaux ou les camps de déplacés, qui dans la plupart des conflits restent pourtant accessibles aux journalistes. Une situation qui à une résonance particulière durant la semaine du 7 au 13 octobre, à l'occasion du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre, dont franceinfo est partenaire.
Si certains journalistes ont pu pénétrer dans l’enclave de Gaza, leur venue est strictement encadrée par l'armée israélienne. D'autres ont pu le faire sans autorisation, mais ils se comptent sur les doigts de la main. Un tour de force non sans risque.
Pour documenter le conflit, vérifier les faits ou recueillir les témoignages, les acteurs locaux sont ainsi devenus indispensables ; humanitaires ou journalistes payent le lourd tribut de la guerre depuis un an. Selon Reporters sans frontières, plus de 130 reporters ont été tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza ces derniers mois. Un chiffre qui pousse l’ONG à renouveler son appel à la communauté internationale pour protéger les journalistes et l’accès à l’information.
La guerre au Soudan : le conflit oublié
Ce "black-out de l'information" ne se limite pas aux seuls conflits à Gaza ou en Ukraine. La guerre au Soudan passe totalement sous les radars des médias internationaux. Ce pays grand comme quatre fois la France, au sud de l’Égypte, est le théâtre depuis 18 mois d’une guerre sans merci entre deux factions de la junte militaire au pouvoir.
Un conflit d'une rare violence, les affrontements, y compris à Khartoum, la capitale, ont provoqué des évacuations internationales. Littéralement vidé de ses journalistes, le pays se retrouve livré à lui-même. Depuis plus d’un an, impossible pour les médias étrangers d’obtenir un visa pour se rendre dans le pays. Les rares journalistes qui demeurent sur place se heurtent, eux, à la difficulté d'obtenir les témoignages d'une société civile terrorisée, prise au piège de devoir choisir son camp.
C'est ainsi que des massacres comme celui d’Al-Genaïna en avril 2023, avec un bilan s'élevant à plus de 15 000 morts en une semaine, ne pouvant être couverts, existent si peu dans les médias. Pas plus que la tragédie des 10 millions de déplacés dans la région.
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