Culture d'info. La chanteuse Flavia Coelho : "La société brésilienne est divisée, fracturée comme jamais"
Quinze jours après la libération de l'ancien président Lula, alors que les chiffres sur la déforestation de l'Amazonie, annoncés cette semaine, atteignent des sommets, la chanteuse brésilienne Flavia Coelho, installée en France, dit sa colère et ses espoirs pour le Brésil.
La chanteuse brésilienne Flavia Coelho vit à Paris. Elle n'est pas retournée dans son pays depuis l'élection de Jair Bolsonaro.
franceinfo : L’espoir renaît-il avec la libération de Lula ?
Flavia Coelho : La libération de Lula, c’est le retour du symbole de ce Brésil qui était en plein essor, en pleine réussite. Un potentiel retour de la gauche aussi, on l’espère. Ça fortifie aussi le candidat qui est le président actuel, il va pouvoir à nouveau s’attaquer à quelque chose, les élections approchent, il est déjà en campagne, pour lui aussi c’est intéressant d’avoir Lula dehors. Au lieu de parler de toute la décadence dans l’économie, le social, il peut se centrer sur Lula.
Dans quel état est la société brésilienne ?
Elle est fracturée et divisée comme jamais. Il y a toujours des tensions, ceux qui ne veulent pas voir que la forêt est en train de brûler, que les stigmatisations des minorités ont continué, que la censure est là. Bien évidemment, il n’y a pas de répression directe, on ne peut pas parler de dictature. Malheureusement, il y a une partie des brésiliens qui soutient le président grâce à la libéralisation des armes, à un libéralisme extrême et à un discours réactionnaire ; et de l’autre côté, on se demande encore où on va, quelle est la suite, les gens sont assez perdus en ce moment, moi aussi...
Dans votre dernier album DNA, vous dites dans la chanson Cidade perdida : Ce qui était fondamental appartient désormais au passé, notre mémoire, au milieu des cendres, a brûlé…
Je parle du musée à Rio qui faisait partie de mon enfance, où j’allais le dimanche voir le zoo, les dinosaures, apprendre sur l’Égypte ; c’était mon premier contact avec le monde. C’était les livres, l’histoire du Brésil, qui ont brûlé dans l’indifférence presque totale.
Le président lui, la première chose qu’il a faite, c’était d’en finir avec le ministre de la Culture, il a créé un secrétariat d’État très mal géré par des personnes qui n’y connaissent rien. Ils ont commencé par brûler les livres, ils arrêtent les subventions pour le cinéma avec lequel ils ne sont pas d’accord, ils donnent le pouvoir à des évangélistes pour qu’ils s’occupent de la culture, donc la suite…on verra.
Vous ne prononcez jamais le nom de Bolsonaro…
Non, je n’aime pas prononcer ce nom qui n’apporte pas grand-chose dans ma vie et je trouve qu’on dit déjà beaucoup son nom, ça suffit...
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